Les Matrices De Comptabilité Sociale

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Les Matrices de ComptabilitéSocialeStéphane CalipelCéline de Quatrebarbes

21.Les documents comptablesLa MCS fait partie de la grande famille des tableaux économiques etconstitue une généralisation du tableau « entrée-sortie » de Leontief.Les MCS s’intéressent donc bien aux flux monétaires entre les agentséconomiques. Les Matrices de Comptabilité Sociale (MCS) permettent alorsde synthétiser en un tableau unique l’ensemble des transactions (flux)réalisées entre les différents agents économiques et constituent, de fait, unesynthèse du Tableau Entrée Sortie (TES) et du Tableau Economiqued’Ensemble (TEE).L’utilisation des tableaux comptables peut être complétée par des enquêtesménages afin par exemple, de prendre en compte les activités informelle oudes caractéristiques particulières des ménages. En effet, un des avantagesde la MCS réside dans sa flexibilité permettant une plus ou moins grandedésagrégation des activités, des secteurs institutionnels et des facteurs deproduction en fonction de la disponibilité des informations et des intérêts duconstructeur.1.1. Le Tableau Economique d’EnsembleLe Tableau Economique d’Ensemble (TEE) permet de décrire l’équilibreglobal de l’économie en synthétisant tous les comptes institutionnels et toutesles opérations en un seul tableau.Il permet de : Voir d’où vient le revenu national Décrire la répartition de ce revenu entre les agents Mettre en valeur la répartition du revenu entre consommation etépargne. Décrire l’équilibre financier. Calculer les principaux agrégats et ratios économiquement significatifs.

3Figure 6 : Tableau Economie d’Ensemble1.2. Le Tableau Entrée-SortieLe Tableau Entrée-Sortie (TES) décrit l’équilibre des opérations sur biens etservices détaillé par branche d’activité.L’intérêt majeur de ce tableau est de montrer les interdépendances entre lesbranches et, de ce fait, la manière dont les variations de l’activité d’une desbranches affectent les autres branches et donc leur production. Ildécompose la valeur (au prix de marché) des biens et services offerts sur lesmarchés en productions distribuées et en importations.La production est évaluée hors TVA et droits de douanes. Pour obtenir desressources évaluées aux prix de marché (comme les emplois), il faut ajouter laTVA et les droits de douanes, nets de subventions à l’importation. Dans un TES,la production est évaluée en prix à la production (avant commercialisation)et on insère une colonne supplémentaire pour ajouter les entreprisescommerciales chargées de la commercialisation des produits. Dans un TES lesexportations sont évaluées sans subventions et hors taxes.-Le tableau des entrées intermédiaires : Chaque colonne décrit lesachats d’une branche en produits des diverses branches. Chaqueligne décrit les ventes d’un produit aux diverses autres branches quil’utiliserons à titre de consommation intermédiaire. La diagonalemontre l’intra-consommation de la branche.

4-Le tableau des emplois finals : Il montre les différents emplois d’unproduit au stade final : consommation, investissement ou exportation.-Le tableau de production par branche : Il retrace les comptes deproduction par branches et décrit la liaison entre la production desbranches et la consommation intermédiaire de biens et servicesnécessaires à celle-ci. Son solde est la valeur ajoutée brute dansl’optique de production.-Le tableau des ressources en produits : Il reprend la production en

5produits et y ajoute les diverses ressources non produites susceptiblesde faire l’objet d’emplois finals et intermédiaires et permettantl’équilibre emploi-ressource.-Autre tableau : Calcul du PIB.1.3. Le Tableau des Opérations Financières de l’EtatLe Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE) présente l’ensembledes opérations de l’Etat de la constitution à la distribution de son revenu.Dans la MCS on ne s’intéresse qu’au compte courant du TOFE, à la créationdes besoins ou des capacités de financement, au flux et non au stock. Lecompte de capital est un stock donc on ne s’y intéresse pas. L’épargne del’Etat est la différence entre les recettes courantes et les dépenses courantesde l’Etat.Figure 8 : Le Tableau des Opérations Financières de l’Etat1.4. La Balance des PaiementsLa balance des paiements (BP) est constituée de trois comptes :- Le compte courant : il regroupe transactions courantes et transfertscourants: Biens et services ; Revenus (du travail et du capital).

6--La balance des paiements évalue les flux avec subvention et avectaxes alors que la MCS évalue les exportations et les importations auprix de marché c'est-à-dire taxes comprises, nettes de subventions.Le compte de capital : il regroupe les transferts en capital et lestransactions sur actifs non financiers non produits.Le compte d’opérations financières : toutes les transactions portant surdes éléments financiers : Investissement direct, Investissement deportefeuille, Autres investissements, Avoirs de réserves.Figure 9 : La balance des paiements

72.Les Matrices de Comptabilité SocialeRarement disponible, la M.C.S doit le plus souvent être élaborée par lemodélisateur lui-même. Le travail peut être long car il est souvent nécessairede retourner aux sources d’informations primaires (bilan des entreprises,recensements, enquêtes budget-consommation, etc.). Le degré desophistication de la matrice dépend des questions auxquelles le modélisateurcherche à répondre. Par exemple, il est possible de répartir les ménagessuivant leur niveau de revenu de manière à mettre en évidence des groupescibles homogènes (les urbains et les ruraux, les riches et les pauvres, etc.); dedistinguer les firmes selon leurs types et leur dimension; de classifier le facteurtravail pour tenir compte des divers niveaux de qualification (main d’œuvredu secteur moderne et du secteur traditionnel, etc.).2.1. Les institutions dans une MCSLe principe de la comptabilité utilisé établit que chaque institution dispose deressources en provenance de diverses sources qu’elle affecte à différentsemplois (ou dispose de revenus qu’elle alloue à différents postes dedépenses). Par exemple, le gouvernement reçoit un revenu sous la forme derecettes tarifaires (revenu ou ressources) qu’il utilise pour consommer etépargner (dépense ou emploi).Une MCS retrace l’ensemble des revenus et dépenses (ou emplois etressources) de chaque institution. Elle se présente sous la forme d’un tableaucarré comportant n lignes (indicées i) et n colonnes (indicées j), où nreprésente le nombre d’institutions. Ces éléments, notés 𝑒𝑖,𝑗 représentent lesressources que l’institution i reçoit de l’institution j.Les totaux en ligne et en colonne représentent respectivement le total desrevenus (Ri) et le total des dépenses (Di) de chaque institution.Chaque total à la propriété:𝑅𝑖 𝑃𝑗 𝑒𝑖𝑗 𝑒𝑡 𝐷𝑖 𝑃𝑗 𝑒𝑖𝑗 donc 𝐷𝑖 𝑅𝑖(1.14)On voit que 1.14 met en exergue la contrainte budgétaire de chaqueinstitution.2.2. Une MCS standard se présente sous forme de cinqcomptes agrégésLe compte de facteurs reprend la désagrégation des rémunérations defacteurs reçues par les agents. Le secteur productif rémunère le travail et lecapital, qui est transféré aux ménages, aux entreprises et à l’Etat détenteur

8des facteurs de production à travers le compte facteurs. Le compte desfacteurs peut être compris comme un compte transitoire permettant unedésagrégation des revenus de facteurs travail et capital entre les différentsagents économiquesLe compte courant des unités institutionnelles résidentes comprend les souscomptes "ménages", "entreprises", "Etat et administrations publiques", chacunpouvant être désagrégé à son tour en plusieurs sous comptes et le comptecourant « reste du monde » comprend les unités non résidentes.Le sous compte des ménages perçoit des revenus de facteurs (travail etcapital), et des revenus de transfert des entreprises, de l’État et du reste dumonde. Il verse des taxes et des prélèvements sociaux, acquiert des biens etservices de consommation, procède à des transferts aux autres unitésinstitutionnelles; le revenu résiduel est épargné par le ménage via le compted’accumulation.Le sous compte des entreprises reçoit une part des profits générés par lesactivités productives, et des revenus de transfert des autres unitésinstitutionnelles résidentes et du reste du monde (ligne 2). Ce revenu estpartiellement transféré - sous forme d’intérêts, de dividendes, de loyers,d’impôts et de prélèvements sociaux obligatoires - aux propriétaires d'actifsfinanciers, aux actionnaires et à l’État ; le résidu, c’est-à-dire l’épargne desentreprises, est imputé au compte d’accumulation.Le sous compte de l’Etat et des administrations publiques retient une part desrevenus générés par les agents et les transactions économiques sous formede prélèvements obligatoires (impôts sur le revenu et la richesse, impôts sur laproduction et sur les produits, et impôts et taxes sur les importations et lesexportations) et des revenus de transfert des autres institutions résidentes etdu reste du monde. Le revenu du compte de l’Etat et des administrationspubliques est alloué aux achats de services de l'administration publique, destransferts et des subventions aux ménages, aux sociétés et au reste dumonde; le revenu excédentaire ou déficitaire est transféré au compted’accumulation.Le sous compte reste du monde synthétise les transactions entre les agentsrésidents et non-résidents. Le reste du monde reçoit les revenus de vente desbiens et services à l’économie nationale (importations) et des transferts desagents résidents. A son tour, le reste du monde achète des biens et services àl’économie nationale (exportations) et transfère des revenus aux unitésinstitutionnelles résidente. Un solde excédentaire correspond à uninvestissement net des agents non-résidents dans l’économie nationale et unsolde déficitaire correspond à un investissement net des nationaux àl’étranger.Le compte d’accumulation combine la formation brute de capital fixe

9(investissement) et les variations de stocks. Il collecte les épargnes des unitésinstitutionnelles résidentes et non résidentes pour l’investissement. Le compted’accumulation retranscrit les besoins et capacités de financement desunités institutionnelles et non la manière dont ces besoins ou capacités definancements ont été utilisés (Compte financier).Le compte des activités productives génère des recettes issues de la ventede produits. Les dépenses de ces activités incluent l'achat de matièrespremières et de produits intermédiaires, la rémunération des facteurs deproduction (travail et capital) et le paiement de taxes sur la production nettede subvention à la production.Le compte des produits achète les biens et services des producteurs locauxet étrangers (importations), pour les céder aux ménages, aux administrationspubliques (consommation finale) et aux entreprises des branches deproduction (consommation intermédiaire). L’utilisation de l’épargne desagents du compte d’accumulation correspond à l’investissement.La MCS n’enregistre que les flux entre les agents. C’est-à-dire lesopérations courantes. Le compte de capital n'est donc pas intégré dans laMCS.

10Figure 1 : La Matrice de Comptabilité Sociale

112.3. La représentation des identités de la comptabiliténationalePour chaque compte, la MCS reprend les identités de la comptabiliténationale en économie ouverte présentées au début du cours.Par exemple, le compte du reste du monde (RDM) tire ses revenus desimportations (M). Ses dépenses sont constituées des exportations (X), et desrevenus nets de facteurs (RNF) ainsi que des transferts nets courants (TNC)qu’il verse aux agents résidents privés. Son épargne, qui représente ladifférence entre revenus et dépenses (M -X -TNC - RNF), est donc égale à CC.Le dernier compte reprend l’identité épargne, épargne-investissement. A cestade nous savons que la somme de l’épargne privée, publique et étrangèreest égale à l’investissement. Certains agents (ou secteurs institutionnels) vontcependant investir plus qu’ils n’épargnent et devront s’endetter pourcombler leur besoin de financement. A l’inverse d’autres agents (ou secteursinstitutionnels) vont investir moins qu’ils n’épargnent et dégager une capacitéde financement. L’identité épargne-investissement implique celle descapacités et des besoins de financement. Nous ignorons simplement sousquelle forme va s’opérer le rapprochement entre les capacités et les besoinsde financement des différents agents (ou secteurs institutionnels). L’analysedes comptes financiers permettra de le préciser.

12ApplicationTableau des Comptes Economiques IntégrésSénégal , données 2005 milliards de CFAEmploisCompteB &SRessources0S2Reste agesAPUSoc1 6171 0487 003052303422723 3323 6718241352 7126054 1491061001004 4913 7137786001 837100301 70703 091106003 4333 3181152351601600045613010007063953112 4971 6745641051 s0P1Production0P2Consommation intermédiaireB01Valeur ajoutée brute0D1Rémunération des salariésD.2-D.3Impôts - subventions sur produits & importsB0ARevenu d'exploitationD4Revenus de la propriétéB05Solde des revenus primaires / Revenu nationalImpôts courants sur les revenus et le capital0D6002Prestations sociales autres qu'en natureAutres transferts courantsB06Revenu disponible brut0P3Dépense de consommation finaleB08Epargne ménages0S1EconomieTotale3952 4377 0031 674001 00504450073521600658006131060877061 83782401 7075603 09101003483 4333 6718246582 7125604 1491061004424 491352311115778100DonsDépenses courantes (B & S)235Recettes fiscalesImpôts / RevenuSalaire des fonctionnaires16085187- Ménages- Entreprises311452721 050Prestations SocialesEpargne Budgétaire03 713RECETTESRecettes totales et dons45B &S3 332540Autres dépenses (intérêts)Compte1 0484 171T.O.F.EDEPENSESDépenses courantes0S2Reste dumonde1 617Taxes / productionTaxes / produits7641061060135523

13Tableau Ressources Emplois – Sénégal 2005Tableau des entrées d359551181Tableau des emplois 396716302337700333323671Compte de production par brancheProduction- Conso. interm.- VA76918158822671521746Compte d'exploitation par brancheV. A.- Salaires- Impots/Production- 967111464124700316175239143Compte des ressources en produitsProductionImport.Impots sur 007251050Export.566123801048Total891412841249143

14MENAGESEMPLOIConso. int.VARESSOURCES600 Prod.1837SalairesImpots/ProductionEBE100 VA301707Impôt106 SalairesEBERevenus de la propriétéPrestations socialesTransferts courantsRev. dispo.ENTREPRISES2437cpte de production1837cpte d'exploitation8241707560100348cpte de revenu3433Conso.Epargne3318 Rev. dispo.1153433cpte d'utilisation RevenuBalance des paiementsCompte courantA,B - Biens et servicesImportationsExportations-272-569-16171048C - RevenuDébit- intérêt dette publique-45D - Transferts courantsCrédits- Dons intergouvernementaux- Rapatriements de fonds des travailleurs imigrés- Autres342-45872487EMPLOIConso. int.VARESSOURCES2497 Prod.1674SalairesImpots/ProductionEBE564 VA1051005ImpôtTransferts courantsRevenus de la propriété0 EBE100 Transferts courants560Rev. dispo.352Conso.Epargne0 Rev. dispo.3524171167410057352

15FACTEURSCOMPTE COURANTPRODUCTIONBIENS ET SERVICESACCRDMTravail Capital Adm Pub Société MénagesAgricul. Industrie Service Agricul. Industrie ServiceTotalTravailCapitalAdm lAdm SCOMPTE COURANTPRODUCTIONBIENS ET SERVICESACCTravail Capital Adm Pub Société MénagesAgricul. Industrie Service Agricul. Industrie 851101225300725359551274902345287768263539 8412416621662

4 -Le tableau des emplois finals: Il montre les différents emplois d’un produit au stade final : consommation, investissement ou exportation. -Le tableau de production par branche : Il retrace les comptes de production

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