Napoléon McDougall, Accablé Par Un Inconfort Con- De .

3y ago
36 Views
2 Downloads
1.74 MB
26 Pages
Last View : 2m ago
Last Download : 3m ago
Upload by : Nixon Dill
Transcription

Extrait de la publication

Mathieu HandfieldCeci n’est pas une histoire de dragonsRomanTA MÈRE

Du même auteur :Vers l’est, roman (2009)Conception graphique : Benoit TardifRévision linguistique : Maude Nepveu-VilleneuveInfographie : Benoit Tardif et Rachel SansregretAchevé d’imprimer en juin 2010, à Gatineau.Bibliothèque et Archives nationales du Québec - 2010Bibliothèque et Archives du Canada - 2010ISBN (PDF) - 978-2-923553-23-8 Éditions de Ta Mèrewww.tamere.orgExtrait de la publication

à Alison Cozenset merci à Carl Poulinde m’avoir donné la tague

Extrait de la publication

Ma chaise me tue. Je pourrais aussi dire que lemonde entier me tue, mais je trouve que c’est unegrosse accusation, en deux phrases.Depuis bientôt trois heures, je me tortille dansl’espoir de trouver une position, même pas confortable, juste moins douloureuse. Quand j’étais petit, on me disait toujours que j’étais trop grand.Trop grand. Comment voulez-vous qu’un enfantréagisse à une aussi grosse connerie ? Il a bienfallu que je me fasse à l’idée que cette remarqueinsignifiante me serait lancée durant tout le restede ma vie, alors je me suis trouvé quelque choseà répondre pour éviter de rester en plan à sourirecomme un con quand ça arrivait. On me disait :« T’es trop grand »; moi, automatiquement, jerépondais : « Pardon, j’ai pas fait exprès. » J’avaistrouvé cette réplique un soir que je me regardaisdans le miroir et je trouvais ça assez bien tourné.Ça crée un drôle d’effet : l’interlocuteur, qui setrouve bien perspicace d’avoir noté ma difformité, s’attend à tout sauf à m’entendre m’excuseret, comme il me considère d’avance anormal, ilen conclut généralement que je suis aussi un peuattardé, alors il réplique en conséquence : « Bennon, c’est pas ta faute ».Sur l’estrade située au bout de la salle de réunion,Martin, mon supérieur immédiat, que je me plaisà rebaptiser en secret « Cul-de-panda », monologue6

depuis le début de l’avant-midi. Cul-de-pandas’est mérité son surnom à cause de sa propension à porter des pantalons bien ajustés mettanten évidence la courbe exagérée de son creux lombaire et le renflement abusif de ses muscles fessiers, résultats d’une démarche dynamique et deplusieurs heures de vélo stationnaire par jour.Plus petit que moi d’environ cinq têtes, il est unsymbole de productivité et de réussite pour tout lemonde au bureau. De plus, il trouve son confortsur toutes les chaises où il choisit de poser son culbombé, il n’a jamais eu à pencher la tête dans unedescente d’escalier de sous-sol, il ne s’est jamaispété le crâne sur le porte-bagages d’un autobusen se levant trop vite et il ne gigote jamais sur sachaise pour trouver comment s’asseoir quand ilécoute quelqu’un parler.Autrement dit, Martin a vraiment tout pourque je l’adore.Et il réussit partout où j’échoue.Midi approche lentement. Cul-de-panda nousentretient au sujet de quelque chose que tous lesmangeurs de papier du bureau semblent trouverdigne du plus haut intérêt; quoique j’aime mieuxm’imaginer qu’ils ont tous succombé à une mortcérébrale, les yeux rivés sur ce cher Martin qui nese rendra compte de rien tant qu’il continuera à jacasser et qui tombera sans doute de haut lorsqu’ils’apercevra qu’il a tué d’ennui une vingtaine depersonnes, n’épargnant que le grand imbécile quidepuis le matin n’a pas écouté un traître mot sorti7Extrait de la publication

de sa petite bouche.Quand midi arrive, mes collègues de bureau remuent, pas morts finalement. Je suis déjà debout,prêt à aller dîner, mais Gélinas, le gros con avec quije partage mon cubicule, propose qu’on se fasse livrer directement au bureau pour pouvoir continuerà écouter Cul-de-panda.Ma chaise me tue.Quand la réunion finit par finir, tout le mondese jette sur Martin pour lui poser des questions,lui serrer la main et donner des petits coups delangue admiratifs sur son cul bombé. Moi, jefourre mes papiers pêle-mêle dans mon portedocuments et je m’éclipse rapido. Une fois seuldans mon cubicule, je m’allonge sur le sol pourfaire craquer mes vertèbres, mais je n’ai pas assezd’espace pour m’étendre de tout mon long, alorsle bienfait que j’en retire reste assez minime.Ma vie a commencé exactement comme ça. Àma naissance, on a essayé de me faire sortir, maisma mère, qui avait le bassin pas si large que ça,a dû se faire couper le ventre pour qu’on m’enextirpe. Ensuite, j’ai grandi, beaucoup, et j’aipassé tout mon primaire à traîner à l’arrière durang, dans la cour d’école, à garder mon équilibrecomme je le pouvais, sur le banc au fond des photos de classe, et à passer mes temps libres à joueravec les autres anormaux pendant que le reste desgarçons de l’école s’entraînaient déjà avec les fillesen prévision de mettre un point final à leur virgi8Extrait de la publication

nité, éventualité que je n’osais même pas envisager en dehors de mes moments de solitude lascive.À vingt ans, avec mon demi-diplôme en journalisme, je me suis trouvé un petit emploi dans unjournal ainsi qu’un minuscule appartement dansle quartier ouvrier de la vieille ville. Ici, à mon travail, on ne me confie jamais de grandes responsabilités à cause de ma concentration vacillanteet de mon habileté hors du commun à être inefficace.Je trie le courrier du cœur.En gros, ça consiste à lire une par une les lettresdes lecteurs et à mettre aux poubelles les missives jugées « déviantes »; entendons ici les trucsdérangeants, les histoires hors de l’ordinaire, lescas anormaux, donc. Les autres lettres, je dois lespasser à Cul-de-panda qui se charge de choisir lesplus intéressantes et de les publier dans l’éditiondu dimanche avec une sorte de réponse encourageante et toujours relativement vague composéepar Gélinas, mon gros imbécile de collègue.Je fais un ultime effort pour étirer mes jambesankylosées en les étendant dans l’allée centrale.Un coup d’œil sur ma montre m’indique qu’il estassez tard pour que je me sauve en douce, alors jene m’en prive pas. Je prends mon manteau et filediscrètement vers l’ascenseur, mais pendant quej’attends qu’il arrive, je sens une petite main quime tape sur l’épaule.9Extrait de la publication

– T’as déjà fini ta journée ?Cul-de-panda me fait un sourire d’employé dumois.– Ouais, ben J’apporte du travail à la maison.Il me donne un coup de poing amical surl’épaule.– Ça, c’est l’esprit du guerrier ! On s’arrête pas, onfonce ! Yep ! Yep ! Yep ! Yippi !Et il part en reculant et en mimant un combatde boxe contre un adversaire invisible sans arrêter de me sourire comme un trisomique. Quelleplaie.– Oh et, pendant que j’y pense, étant donné quet’as prévu travailler un peu à la maison, j’aimerais bien qu’on prenne de l’avance sur la semaineprochaine. Tu peux me déposer les lettres sur monbureau demain matin ?Merde de merde, ça veut dire qu’il va falloir queje travaille à la maison pour vrai.– Oui oui, euh Ok, pas de problème.Martin lève son pouce en me faisant un clind’œil et en claquant sa langue deux fois comme s’ilappelait un écureuil, puis l’ascenseur arrive.– Napoléon !10Extrait de la publication

Je me retourne pour me faire dire :– T’es vraiment trop grand, c’est pas croyable J’avais vraiment besoin de me faire rappeler ça.Merci Martin.Il tombe une petite pluie grise, presque invisible, tout juste bonne à donner envie de se suicider. Je me sens un peu plus con que la veille etj’ai au milieu de la colonne vertébrale un pointlancinant qui ne laisse rien présager de bon quantà la détérioration de mon dos ainsi qu’à l’état danslequel il sera quand j’aurai passé vingt autresannées de ma vie à m’asseoir sur des chaises troppetites. Je décide de me rendre au bar où j’ai l’habitude d’aller pour me changer les idées. C’est unendroit où les tables sont collantes, à l’extrémitéde la ville, juste au pied de la montagne. J’y vaissouvent parce que la bière ne coûte presque rien,que la serveuse devient jolie après quelques pintes(et je crois que j’ai des chances), mais surtout,parce que les tabourets sont hauts. Pas besoin deme recroqueviller sur mon siège; mes pieds netouchent pas le sol, exactement comme ceux detous les autres clients.Là-bas, je suis presque normal.J’habite une petite ville sinueuse à côté d’unlac immense. Quand j’ai un peu de temps libre,je marche jusqu’à la montagne et je grimpe ausommet. À cette hauteur, je surplombe les édifices, et l’horizon s’étend à perte de vue jusqu’à ce11

que le sfumato bleuâtre du smog ne me permetteplus de distinguer l’endroit où le ciel se fond dansl’eau. De là, la ville paraît minuscule, elle medonne l’impression d’un labyrinthe pour les rats.Au centre, il y a un sursaut d’immeubles, commesi elle tentait de sortir d’elle-même pour s’éleververs le ciel, mais tout autour de la silhouette argentée du centre-ville, la masse brune et grise dela vieille ville s’étend dans un rayon de plusieurskilomètres, gardant les majestueux géants de ferprisonniers. La prolifération des édifices nainss’étend du pied de la montagne jusqu’aux lèvresdu grand lac, interdisant toute aspiration degrandeur à ses habitants.Je parcours les rues ternes de la vieille ville, ledos rond, les yeux sur la pointe de mes souliers.Je ne saurais pas dire pourquoi, mais ce soir, j’aiencore moins le moral que d’habitude. La pluiedevient plus forte, mais je ne me hâte pas pourautant.Au loin, j’aperçois l’enseigne du bar, une sorte detête de buffle en tubes de néon bleu grésillant.12

Je pousse la porte du bar, penchant instinctivement la tête pour entrer sans me cogner, et je suisaussitôt accueilli par l’odeur de vieille cacahuèteet de bière bon marché que je retrouve presquechaque soir depuis bientôt six ans. Je me dirigevers le comptoir et m’installe sur un tabouret, lescoudes dans la bière collante et les pieds dans levide. Je suis chez moi.La serveuse, une fille vulgaire au caractère foncièrement déplaisant, me jette le même regardque d’habitude : un regard fait d’une indifférenceappuyée, teintée d’une légère touche de mépris.C’est un regard pour moi, elle me le réserve exclusivement. C’est vrai qu’elle est probablementla fille la plus laide que j’ai vue de ma vie, maisbon, elle a certains attributs et, la nature étantce qu’elle est, je me dis que dans le noir, avec unpeu d’imagination et une dizaine de bières dans lenez, ça pourrait être pas si mal – Même chose que d’habitude ?Je me contente d’acquiescer nerveusement enbaissant rapidement les yeux vers mes mains. Garder confiance en moi est un combat de tous les instants, un combat que je ne gagne jamais.13

L’endroit est éclairé aux néons. Dans un coin,il y a un vieux bossu qui susurre des mots gentilsà la machine à sous qui est en train de le vider. Àune table, des truands bas de gamme rotent bruyamment leur bière pour impressionner les deuxfilles pas trop laides assises au bar, et moi, je mefais tout petit.Entendez bien que je n’ai rien, a priori, contreles rots vulgaires effectués en public, mais commen’importe qui, j’ai tendance à jeter des coups d’œilen direction de là d’où vient le bruit, vous me suivez ? Et c’est comme ça qu’au fil du concours entreles truands (moi, j’en suis encore à la moitié dema pinte), je commets ma première erreur dela soirée en risquant un regard par-dessus monépaule au moment d’apothéose d’un rot à décollerla tapisserie.Mon regard croise celui, creux et méchant, duplus moite et barbu des quatre lourdauds de latable. Je remets mes yeux sur le comptoir aussivite que si j’avais un ressort dans le cou, mais c’esttrop tard. Le mal est fait.– Tu regardes quoi au juste, grand pédé ? qu’il mecrie depuis l’autre côté de la salle.Les truands ont arrêté d’éructer pour écouter leurcopain se payer ma gueule. Moi, je joue le gars quine se rend pas compte que c’est à lui qu’on s’adresse,mais sincèrement, un rapide décompte des clientsme laisse vraiment tout seul dans la catégorie des« grands pédés » potentiels.14Extrait de la publication

Je relève discrètement la tête en direction dumiroir qui orne l’arrière du bar. Le gars se lève, unsourire pas commode sur le visage. Ses camaradesse poussent du coude comme avant un bon spectacle et les deux filles au comptoir se retournentpour ne rien manquer non plus. À l’air qu’ellesont, elles ne comptent manifestement pas intervenir en faveur du grand pédé.Moi, je continue à faire comme si je ne mesentais pas concerné, les yeux dans ma bière, lesoreilles rouges et une grosse boule de plomb dansle fond de l’estomac. Étrangement, la seule choseà laquelle j’arrive à penser, c’est que j’ai beauavoir passé tout mon primaire à me faire traiterde pédé, je n’ai jamais vraiment compris à quoices deux lettres réfèrent, sinon à « pédéraste » et,à ce que je sache, je ne suis pas du tout en train decaresser des petits garçons.– Je te parle, pédé.J’ai quitté le miroir des yeux, mais j’entendsle gars s’approcher doucement, à travers les fousrires de ses amis et le bourdonnement continu duvieux bossu qui supplie sa machine de l’aimer unpeu.– Tu trouves qu’on fait trop de bruit ?Je joue les gars étonnés, comme si je n’avais pasvu ça venir gros comme une tronçonneuse dansune pouponnière.15

– Moi ? Non. Non, je vous ai même pas entendus.– Dans ce cas-là, pourquoi tu me regardes ?– Je vous ai pas regardé, Monsieur.Il m’agrippe le collet. Mon visage devient engourdi et mes jambes se mettent à trembler. Moi,dans la jungle contre un tigre, je ne tiens pas deuxsecondes.– Est-ce que tu me traites de menteur ?Ces moments-là sont étranges : on se met à songer à toutes sortes de choses qui n’ont aucun lien,comme si c’était plus simple pour l’esprit d’allerailleurs. Pour une raison obscure, je me metsà revoir la fois où, à l’âge de sept ans, je m’étaispissé dessus pendant mon cours de karaté. Le sensei m’avait posé exactement la même questionquand je lui avais répondu que ce n’était pas moiqui avais fait pipi, debout dans une mare et le kimono mouillé comme si je sortais de la piscine. Ilm’avait regardé et m’avait dit : « Est-ce que tu metraites de menteur ? » Et la seule chose sur laquellej’avais pu concentrer mes pensées, c’était sur larecherche du film dans lequel j’avais déjà entenducette réplique minable.– Est-ce que tu me traites de menteur, pédé ?– Non.Il resserre son étreinte.16Extrait de la publication

– Est-ce que tu me traites de menteur, j’ai dit ?Je sens bien que c’est sans issue. Le sensei, devant mon mutisme, avait fini par m’envoyer à lasalle de bain pour me changer et, ensuite, j’étaisretourné chez moi, mais lui, il était retenu par lecode d’honneur du karaté, qui lui interdisait deme mettre une savate sur la gueule, et ce, malgréle fait indéniable qu’il avait le pied direct dansmon pipi encore tiède. Ce soir, c’est différent. Jevais y avoir droit.Ça s’enchaîne assez rapidement : une mainsur mon épaule, une petite valse avec le type, desmots d’encouragement de la part des autres et unregard admiratif des filles au bar. Même la serveuse me montre une sorte d’intérêt, je ne saispas, c’est peut-être le début de quelque chose. Jen’ai même pas le temps de finir ma bière tellement ils s’amusent bien, tous, et on dirait que jeme sens complètement dissocié du bon momentque tout le monde est en train de passer. Puis, jeme retrouve dehors, ma chemise déchirée et le culdans l’eau sale des rues de la vieille ville.Je suppose que ça peut arriver à tout le monde,ce genre de choses là.Je me relève et je réajuste ma tenue. Par la porteencore ouverte, j’arrive à voir deux des types rejouer la scène en hurlant de rire, avec un des deuxqui joue mon rôle à se faire malmener comme ungrand con d’un côté à l’autre du bar, complètement impuissant. À le voir d’ici, c’est vrai que j’ai17Extrait de la publication

l’air d’un imbécile.Je devrais rentrer chez moi, mais je n’ai pasparticulièrement envie de me retrouver tout seuldans mon petit appartement, alors sans trop réfléchir, je me mets en route vers le centre-ville.Je n’ai pas fait trois pas que je sens quelquechose tirer ma manche; apparemment, le spectacle n’a pas été assez long et je m’apprête à y goûter encore.– P’tit gars C’est le vieux bossu de la machine à sous quim’a suivi dehors. Il est beaucoup plus grand queje l’avais imaginé. Presque aussi grand que moi,malgré la bosse.– J’ai vu ce qu’ils t’ont fait, tout à l’heure.Il aurait fallu être drôlement inattentif pour nepas remarquer un type de six pieds quatre se fairechalouper d’un côté à l’autre d’un bar presquevide.– Je veux te dire quelque chose, approche ici.À l’odeur, je parie que ce type-là a un faible pourle whisky pas cher.– Écoute bien ce que je vais te dire : à ton âge,j’étais comme toi, p’tit gars, et regarde-moi aujourd’hui. Je me suis plié en deux pour leur res18

sembler, mais c’est impossible. Tu pourras jamaisêtre comme eux, tu peux juste devenir la moitiéde ce que t’es, mais jamais comme eux. Fais-toià l’idée.Le vieux a les yeux littéralement vissés dans lesmiens. Il est si près que, malgré la faible lumière,j’arrive à voir les centaines de petits vaisseauxsanguins éclatés dans la mare jaunâtre de sesblancs d’yeux. J’ai une chair de poule qui me parcourt les bras et le dos. On dirait que les vieux perdants acquièrent automatiquement le statut dephilosophe prophétique dans ma tête, et comme,à la base, je suis facilement impressionnable, j’aitendance à me laisser embarquer.Je me contente de hocher la tête et je tourne lestalons. Tout au long de ma marche, j’ai un frissondans le cou comme si le vieux cinglé était derrièremoi. À plusieurs reprises, je me retourne pourvérifier qu’il ne me suit pas. Rien que les lampadaires de la vieille ville qui font des taches jaunessur le pavé noir.Je me dirige au hasard vers le centre-ville à larecherche d’un endroit bien bondé, question deme faire oublier.Le reste du trajet se fait presque sans encombresi on ne compte pas le fait qu’au coin d’une rue,une vieille BMW orange dégueulasse toute rapiécée roule exprès dans une flaque d’eau pourm’asperger de la tête aux pieds, s’arrêtant justele temps que je voie le chauffeur éclater de rire et19

son passager me regarder avec des yeux de schizophrène. C’est vraiment une super soirée, règlegénérale.Je trouve un endroit, style boiseries et ambiancetamisée. J’espère ne pas me faire remarquer si jene bois pas un scotch, mais de toute façon, je n’aipas les moyens, alors je vais m’asseoir au bar, jeme cogne le genou en m’installant sur le tabouretet je commande une bière.C’est bondé, plein à craquer de types en completet de filles de magazine. Je sais que je n’ai pas maplace ici, alors je me fais discret.J’aime les bars, pour le principe. Un paquet degens qui vont se démolir la gueule ensemble dansle bruit. C’est un beau symptôme du malaise collectif, à mon avis, mais je ne peux pas en parlerparce que ma thérapeute dit qu’avant de commencer à dire que tout le monde va mal, je devrais meposer des questions sur mon état à moi. C’est laprojection qui veut ça, selon elle.– Grande couille.Je sors de ma méditation pour me retourner versla source de l’insulte.Sur le tabouret voisin, un enfant atrocementlaid me regarde, furieux. Il a le visage tout rougeet ses yeux sont petits, noirs et méchants commeceux d’un chien.20Extrait de la publication

Il me pointe son doigt boudiné au visage.– Je te donne trois secondes pour lever ton grandcul osseux de mon bar, trou de crotte de merde degrande frite, sinon je vais te le botter, ton sale cul,et tellement fort que je te jure que tu vas encoregrandir un peu ! Tu sais pas lire, gros imbécile ? Àl’entrée, c’est écrit « TENUE DE VILLE », et toi, tuoses venir poser ton cul au bar déguisé en prépucemâché ? Comme si de rien n’était ?Le petit garçon a une drôle de voix, aiguë, maisvieille. Il porte un costume trois-pièces très chicet, dans sa main, il tient un cigare tellement grosque ses doigts n’en font pas le tour. Quelle espècede débit de boisson laisse entrer des enfants et leurpermet de boire et de fumer ? J’admets que, depuismon altercation de tout à l’heure, j’ai vraimentl’air d’un minable et qu’en plus, je suis trempé dela tête au pied, mais je ne me formali

vrer directement au bureau pour pouvoir continuer à écouter Cul-de-panda. Ma chaise me tue. Quand la réunion finit par finir, tout le monde se jette sur Martin pour lui poser des questions, lui serrer la main et donner des petits coups de langue admiratifs sur son cul bombé. Moi, je fourre mes papiers pêle-mêle dans mon porte-

Related Documents:

Livro Ilustrado do Dr. McDougall “Envenenamento Alimentar” Como curar isso comendo Feijão, Milho, Massas, Batata, Arroz, etc * *Exemplos de alimentos indicados para curar o envenenamento alimentar são feitos apenas com ingredientes recomendados por McDougall. Cons

Janet Makar Jennifer J. Manders Judy Manley Dale R. Martenson Daryl Martin Deborah Mauterer, D.V.M. George McAlexander Lois McAlexander Renee McCartin Alan McCorkle Betty McDonnell Judith McDougall William McDougall Sharlonna McGaha Linda M. McKee Janis L. McLaren Avery J. McLeo

Chocolate Milk - Disease in Disguise Sixty-five years ago, as a child in kindergarten and my early years in grade school, I (John McDougall) was required, every morning, at a 15-minute refreshment break, to drink a half-pint carton of unsalted, bitter tasting tomato juice or cow's milk: white milk for two cents or chocolate milk for three cents.

―History is always written by the winners. When two cultures clash, the loser is obliterated, and the winner writes the history books which glorify their own cause and disparage the conquered foe. As Napol

C’est un évènement spectaculaire par sa dimension nationale et internationale, par le nombre de personnes mobilisées, par le succès public rencontré, et par la qualité de sa programmation. LE MOT DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES NEUROSCIENCES PAR LUC BUÉE Du 15 au 21 mars 2021, nous all

DIGIDESIGN : Surface de contrôle Control 24 DIGIDESIGN : Pro Tools HD2 Accel (1 carte HD Core 1 carte Accel PCI-E) Pack 6.0 version /.0 Package HD2: Amp Farm par Line 6 Bomb Factory BF-3A par Bomb Factory Cosmonaut Voice par 80mb Factory O-Fi par Digidesign Focusrite d2/d3 par Focusnte JOEMEEK SC2

Opti Tri White Par Introduction / Elation Professional - www.elationlighting.com - Opti Tri White Par Instruction Manual Page 2 Unpacking: Thank you for purchasing the Opti Tri White Par by Ela-tion Professional . Every Opti Tri White Par has been thoroughly tested and has been shipped in perfect operating condition. Carefully check

Although there are different types of reports, in general, an academic report is a piece of informative writing, an act of communication and an account of an investigation (Reid, 2012). An academic report aims to sell a product, idea or points of view (Van Emden and Easteal, 1995). It should inform, explain and persuade (Williams, 1995) by using well- organised research. Sometimes it will .