L ’ E A U P R I V A T I S É E L’eau, L’argent Et Le Pouvoir

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la brèchejuin 2010erik swyngedouw*L’EAUPRIVATISÉEl’eau, l’argentet le pouvoirla pénurie de l'eau ne relève pas d'un processus naturel. elle est socialement construite.ce qui implique des options aboutissant à la dépossession de l'eau pour des centaines demillions de personnes. une dépossession mise en place par les transnationales quichoisissent, de plus, les segments rentables de « la gestion de l'eau ».* Erik Swyngedouw, est professeur de géographie àl’Université de Manchester (School ofEnvironment and Development). Il a publié en2004 Social Power and the Urbanization of WaterFlows of Power (Pouvoir social et l’urbanisationdes flux en eau du Pouvoir) Oxford UniversityPress. Il a dirigé l’ouvrage collectif, avec N.Heynen et M. Kaika, In the Nature of Cities,Routledge, Londres et New York, 2005. La mêmeannée, en mars, il publiait « Dispossessing H2O :The Contested Terrain of Water Privatization »,Capitalism Nature Socialism, Vol. 16, Nr. 1. Puis,en 2007, « Water, Money and Power », SocialistRegister, pp. 195-212, The Merlin Press, Londreset New York ; et en 2009, « Troubled Waters : ThePolitical Economy of Essential Public Services »,chapitre 2 de José Esteban Castro, Léo Heller (Eds),Water and sanitation services : public policy andmanagement, Earthscan, Londres.En langue française, les lectrices et les lecteurspeuvent se reporter à son article : « Modernité etHybridité : Nature, « Regeneracionismo » et laProduction du Paysage Aquatique Espagnol, 18901939 », Géographie, Economie, Société 8 : 451-481,2006.Il est un des auteurs et signataires en 2005 de laDéclaration européenne pour une NouvelleCulture de l’eau – Declaración Europea por unaNueva Cutltura del Agua – European Declarationfor a New Water Culture, Saragosse : Fundación porUna Nueva Cultura del Agua.[1] Cité dans Anita Roddick, éd., Troubled Waters,Chelsea Green Publishing Company, White RiverJunction 2004[2] C.S.Lewis, The Abolition of Man, Macmillan,New York 1965, p. 69.Nous sommes témoins de quelque chose sans précédent : l’eau ne coule plus de haut en bas, elle coulevers l’argent. Robert F. Kennedy Jr. [1]Ce que nous appelons le pouvoir de l’homme sur lanature se révèle être un pouvoir exercé par certainshommes sur d’autres au moyen de la nature. C.S.Lewis [2]Fournir de l’eau propre et de manière fiable auxpopulations ne relève pas vraiment de la sciencede pointe : les technologies de base et les principes d’ingénierie sont connus et maîtrisés ; lessystèmes de gestion assimilés ; les processusaquatiques biochimiques et physiques raisonnablement bien appréhendés. La technologie et lagestion pour apporter de l’eau potable à tous, aumême titre que pour évacuer et traiter les eauxusées, ne présentent pas de grandes difficultés.Malgré cela, il est frappant de constater que plusde 1 milliard de personnes dans le monde souffrent encore d’un accès à l’eau potable inadéquat,inconstant (tant en quantité qu’en qualité) et / oudifficile tandis que presque 2 milliards ne disposent que d’une eau courante insatisfaisante. Lescoûts humains et socio-économiques de l’eaupotable ainsi que ceux des conditions sanitairesimpropres sont bien connus. Mais les avancéesdans la résolution des problèmes hydriques res-47

dossier eaux et pouvoirsla brèche48tent terriblement lentes. Le nombre demorts prématurées chaque année et lapersistance de conditions débilitantesdont souffrent les pauvres du fait d’uneadduction d’eau inappropriée dépassentde loin même les estimations pessimistesdu coût humain du réchauffement climatique. L’OMS (Organisation mondiale dela santé) estime à 1,8 million les personnes qui meurent chaque année prématurément de maladies liées à l’eau.Chaque jour, plus de 4500 enfants demoins de 5 ans meurent à cause d’unaccès inadéquat à l’eau et de conditionssanitaires déplorables. [3] A comparer, parexemple, aux 150’000 personnes qui selonGreenpeace meurent chaque année dufait du changement climatique. [4]Pourtant, il serait fort simple de remédierau problème de l’eau. Avec la possibleexception des régions très arides, lesconditions d’un accès problématique àl’eau n’ont pas grand-chose à voir avec ladisponibilité de l’eau ou avec une pénurieabsolue. C’est principalement un problème d’accès aux ressources disponibleset de leur distribution équitable. Dès lors, ilfaut comprendre que la question primordiale n’est pas celle du comment amenerl’eau aux gens, mais plutôt pourquoi certains groupes sociaux, à la différence d’autres, n’ont pas d’accès adéquat à l’eau etaux égouts. Les objectifs du Millénaire dudéveloppement de l’ONU (fixés en 2000avec l’échéance de 2015) s’engagent àaccroître significativement le nombre depersonnes qui auront accès à l’eau potableet à des sanitaires adéquats. Mais on peutprédire avec assurance que les conditionsne seront améliorées que marginalementd’ici à 2015, si tant est qu’elles s’améliorent. Malgré l’engagement rhétorique et lesoutien politique, éradiquer la pauvretéhydrique se heurte à des barrières et à desdifficultés importantes.juin 2010L’OMS estime à 1,1 milliard les personnessans eau et à 2,5 milliards les personnessans sanitaires même rudimentaires. Cesont là certainement des sous-estimations,particulièrement pour ce qui est des zonesurbaines. Il y a un fort pourcentage d’habitants des villes qui ne disposent pas del’eau courante dans la maison et sont parconséquent dépendants de fontaines, depuits et le plus souvent de la vente informelle d’eau. Cela rend le problème de l’eauen zones urbaines particulièrement aigu,car tant la quantité que la qualité est limitée et son coût (tant en termes de tempspour son acquisition qu’en termes de prix)est très élevé. En outre, l’accès inconstantou difficile à l’eau n’a pas grand-chose àvoir – et peut-être rien du tout – avec unepénurie absolue. Cela est abondammentdocumenté pour ce qui est des grandesconurbations.Avec quelques exceptions peu nombreuses, toutes les principales grandesvilles du monde produisent des volumessuffisants d’eau potable pour satisfaire lesbesoins sanitaires de leur population. Laconsommation moyenne par habitantdans les villes d’Amérique latine, parexemple, est comparable à celle dumonde développé. [5] Mais c’est un pourcentage relativement petit de la population qui consomme la plus grande partiede l’eau disponible. Tandis qu’est vraiment très réduit le volume de la consommation de cette importante populationqui dépend de la vente d’eau dans la rue(habituellement de l’eau qui provient dusystème d’eau urbain). En outre, le prixexigé par les vendeurs d’eau, qui sont toujours des micro-entrepreneurs locaux, estinvariablement beaucoup plus élevé quele tarif de la compagnie officielle des eaux.Bien sûr, les populations rurales, ellesaussi, ont un accès difficile et inégal à l’eaupour la consommation et pour l’agricul-Selon l’OMS, 1,8 millionde personnes meurent chaque annéeprématurémentde maladies liées à l’eau.ture. A cela il y a plusieurs raisons. Dansdes conditions géo-climatiques particulières, des problèmes de pénurie locale ourégionale peuvent apparaître. Cependant,le plus souvent, c’est le coût des investissements en infrastructure et le coûtmoyen de l’adduction d’eau vers despopulations dispersées qui sont prohibitifs. Cela vaut bien sûr aussi bien pour uneadduction publique que privée. Le coûtd’investissement en capital fixe est élevéalors que les revenus potentiels sont plutôt bas, incertains et instables. Le problème de l’accès à l’eau et du contrôle del’eau est donc principalement une question de pouvoir d’achat, de capital disponible et d’orientation de l’investissement.Ou, en d’autres termes, l’accès à l’eaureflète les relations sociales de pouvoirpar lesquelles l’argent et le capital sontappropriés, organisés et distribués.l’eau et l’étatLes liens entre le pouvoir social et l’accèsà l’eau sont même encore plus intriquésdans des systèmes agricoles qui dépendent d’infrastructures hydrauliques etd’une irrigation. Comme les infrastructures hydrauliques à grande échelle sontprincipalement planifiées et organiséespar le biais de l’Etat, il existe une relationétroite entre l’investissement en capital, lepouvoir d’Etat et la distribution ainsi quel’accès à l’eau d’irrigation. En plus desconflits manifestes entre divers usages del’eau, ainsi qu’entre les résidents locaux etles constructions de barrages – qui inévitablement déplacent des populations – ladistribution des eaux d’irrigation reflèteaussi des rapports sociaux de pouvoir.Non seulement les barrages et les canauxd’irrigation modifient radicalement lescours précédents des eaux (et leursusages), mais ils engendrent aussi desusages nouveaux, des nouvelles structuresd’accès, de même que des nouveaux schémas de distribution. Si l’accès est massivement amélioré pour certains, il est souvent péjoré pour d’autres. Les grandstravaux hydrauliques qui ont produit lessuccès agricoles de la Californie auXXe siècle en sont un exemple. De mêmeque l’hydro-modernisation qui a caractérisé le rapide développement économiquede l’Espagne durant la seconde partie duXXe siècle [6] Aucun de ces changementsn’est jamais neutre en termes de pouvoir.

la brècheDans son livre novateur, datant de 1957,Le Despotisme oriental, Karl Wittfogel [7]avait expliqué que des empires ancienscomme l’Egypte et la Chine, dont l’agriculture était basée sur un réseau d’irrigation sophistiqué étaient gouvernés par unEtat centralisé avec une bureaucratiehydraulique gérant ce système de distribution de l’eau. Une même perspective estadoptée par Donald Worster et il l’a théorisée dans Rivers of Empire [8] à propos dela « conquête de l’Ouest » aux Etats-Unis.Le Corps des ingénieurs de l’armée desEtats-Unis (US Corps of Engineers) et leBureau of Reclamation (institution créée en1902 et qui a la charge de la constructionde canaux, de barrages, etc.) se sont affirmés, selon Worster, en tant que puissanteélite d’institutions « bureaucratiques » quiont combiné le pouvoir politique et technologique afin d’imposer et de réaliser unprojet hydro-social particulier avec lemodèle de développement qui lui estassocié : « L’Ouest américain peut le mieuxêtre décrit comme une société hydrauliquemoderne basée sur la manipulation intensive et à grande échelle de l’eau et de ses produits dans un contexte aride [C’est] deplus en plus un système coercitif, monolithiqueet hiérarchique, gouverné par une élite dupouvoir, basé sur la propriété du capital et dusavoir faire. ». [9]La transformation du paysage hydriquede la Californie et tout particulièrementles luttes de pouvoir politiques et économiques ainsi que les conflits liés à l’adduction des grands volumes d’eau qui ontpermis à Los Angeles sa croissance et sonexpansion continues ont aussi été analysés d’une manière similaire. Ce sont devenus des exemples canoniques qui illustrent comment le contrôle ou la propriétéde l’eau, la mobilisation des flux et le pouvoir politique comme économique serejoignent et produisent, ensemble, desrelations inégales de pouvoir entre différents groupes sociaux.Les intérêts des spéculateurs fonciers, despromoteurs immobiliers, des régies foncières et des bureaucrates de l’eau se sontagglomérés tout au long de l’histoire deLos Angeles au XXe siècle. Cela a étéimmortalisé, par exemple, par le film deRoman Polanski, Chinatown, de 1974. Cesintérêts ont consolidé leur pouvoir économique ou politique par la mobilisation,le contrôle et l’aménagement de bassinshydrographiques toujours plus grands.juin 2010Dans ce processus, bien sûr, l’accès àl’eau, les droits d’eau et le contrôle del’eau ont été réaffectés et redistribués [10]Ni l’urbanisation rapide de Los Angeles,ni le spectaculaire développement hydroagricole de la Californie [11] n’auraient puavoir lieu sans changer la distribution del’eau, l’accès à l’eau et les relations socioécologiques de pouvoir. Comme JoaquinCosta, un intellectuel espagnol, l’a faitremarquer au début du XXe siècle :« Irriguer, c’est gouverner. »Il est désormais généralement acceptéqu’il n’y a pas de lien nécessaire entrel’aridité ou la pénurie relative de l’eau etdes relations autoritaires de pouvoir politiques comme économiques. Ce sontdivers types de relations sociales de pouvoir qui gravitent tous, partout, autour dunœud qui associe eau et pouvoir. Des systèmes complexes d’ingénierie hydraulique, par exemple, qui requièrent uneforte division du travail technique etsociale et des structures de gestionsophistiquées au niveau de bassins hydrographiques entiers, s’accompagnent degrandes organisations bureaucratiqueshiérarchisées. Leurs dirigeants jouissentd’un pouvoir politique, social et culturelconsidérable. Ils ont habituellement desrelations privilégiées avec d’autres centresde pouvoir étatiques ou privés.Plus généralement, bien que je ne veuillepas suggérer que les développementsdans les pays développés et les pays endéveloppement suivent le même modèle,toutes les configurations hydro-socialessont centralement construites au traversde luttes de pouvoir et de conflits sociaux.Ce sont des configurations qui, en mêmetemps qu’elles fixent les registres et lescadres légaux des droits d’eau, produisentconjointement des régimes d’accès etd’exclusion. Les pratiques d’ingénierie, lessystèmes technologiques et les régimespolitiques ne sont pas socialement neutres, mais incarnent des visions sociales etéconomiques spécifiques qui sont associées à des formations particulières desélites sociales. Ce sont des arènes vitalement importantes pour conquérir ouconserver le pouvoir social.Et pourtant la relation entre les modèlesde développement d’Etat, d’une part, et lamobilisation des ressources en eau, d’autre part, a été sérieusement négligée parceux qui ont étudié les modalités d’accèsà l’eau et de la distribution de l’eau. LesL’accès à l’eau reflèteles relations sociales de pouvoirpar lesquelles l’argent, le capitalsont appropriés, organiséset distribués.49[3] World Health Organization, Water forLife-Making it Happen, WHO / UNICEF JointMonitoring Programme for Water Supplyand Sanitation, WHO, Geneva 2005. WorldHealth Organization, Meeting the MDGDrinking Water and Sanitation Target-AMid-Term Assessment of Progress,WHO / UNICEF, Geneva 2004.[4] Cf. «Climate Change » report of the AsiaEnergy Revolution Ship Tour 2005 :www.greenpeace.org[5] Erik Swyngedouw, Social Power and theUrbanization of Water. Flows of Power,Oxford University Press, Oxford, 2004.[6] Erik Swynegedouw, TechnonaturalRevolutions : Scalar Politics and PacoRana’s Wet Dream for Spain, 1939-1975,2006 (A paraître)[7] Karl Wittfogel, Le Despotisme oriental(Oriental Despotism : A Comparative Studyof Total Power), Yale University Press, NewHaven, 1957.[8] Donald Worster, Rivers of Empire,Water, Aridity, and the Growth of theAmerican West, Pantheon, New York, 1985.[9] Worster, Rivers of Empire, p. 7[10] Voir par exemple, Mike Davis, City ofQuartz, Verso, London 1990 ; RobertGottlieb, A Life of its Own : The Politics andPower of Water, Harcourt BraceJovanovich, London 1988 ; Robert Gottliebet Margaret Fitzsimmons, Thirst forGrowth, The University of Arizona Press,Tucson 1991 ; Norris Hundley Jr., The GreatThirst, University of California Press, LosAngeles 1992 ; Marc Reisner, CadillacDesert : The American West and itsDisappearing Water, Secker & Warburg,London 1990.[11] Voir Richard A.Walker, The Conquestof Bread : 150 Years of Agribusiness inCalifornia, The New Press, New York 2004.

dossier eaux et pouvoirsla brèche50Une économie de marchéa besoin de la « pénurie »pour fonctionner, si nécessaire,elle sera effectivement« produite », c’est-à-diresocialement construite.[12] Charles Moore et Jane Lidz, Water andArchitecture, Thames and Hudson,London 1994.[13] Voir E.Swynegedouw, Social Power,op.cit.[14] Iraïdes Margarita Montano et HenriCoing, Le service d’eau potable dans lesvilles du Tiers-monde. Modes de gestion etd’organisation, Ecole Nationale des Pontset Chaussées, Centre d’enseignement et derecherche, Paris 1985.[15] Voir par exemple, Danilo Anton,Thirsty Cities-Urban Environments andWater Supply in Latin America,International Development ResearchCentre, Ottawa 1993.juin 2010organisations bureaucratiques d’Etat àforte hiérarchie, vecteurs de la construction et de l’entretien des édifices hydrotechniques, produisent également unestratification de l’accès à l’eau et de l’exclusion de l’eau. Cela indique une relationentre le pouvoir d’Etat, le projet politiqueet les interventions et transformationshydrauliques, une relation présente dansla plupart des pays du monde. Mais l’axefondamental autour duquel s’organise laquestion de l’eau, c’est la disponibilité etl’accès au capital. Et cela est étroitementlié au processus de la marchandisation dela nature. Soit un processus qui s’est accéléré rapidement durant les dernièresdécennies quand des solutions néolibérales pour les problèmes socioenvironnementaux ont été appliquées à une échellede plus en plus importante.l’eau, l’argent et la villeIl n’est pas surprenant que les processusd’urbanisation dans le monde aient étémarqués par des luttes sociales et politiques intenses à propos de l’eau, depuis laformation des paysages urbains jusqu’auxécosystèmes aquatiques autour des diverstypes de réservoirs (sources, lacs, retenues, canaux ). L’eau a toujours eu defortes connotations urbaines et a véhiculédes messages symboliques importants.« L’état de nature », la virginité, la guérison et la purification ont souvent été associés à l’eau, tandis que des jeux d’eau onttémoigné du pouvoir et de la gloire dediverses élites (urbaines). [12]En même temps, l’eau est devenue unemarchandise et des relations de pouvoirinégales ont été gravées dans le cyclehydro-social. A Mexico City, par exemple, 3 % des foyers ont 60 % de toute l’eaupotable urbaine, alors que 50 % doivent secontenter de 5 % de l’eau. A Guayaquil,Equateur, 65 % des habitants de la villereçoivent 3 % de l’eau potable produitepour un prix qui est au moins deux centsfois (20 000 % !) plus élevé que celui payépar un consommateur de faible volumeraccordé aux canalisations du réseaud’eau de la ville. Cela parce que si lesclasses supérieures et moyennes ont unaccès illimité à l’eau potable bon marché,généralement subventionnée, les pauvres,eux, doivent se contenter de la fourniturelimitée d’une eau souvent insalubre maistrès chère vendue par les vendeurs d’eauprivés. [13]Les systèmes « modernes » d’ingénieriequi permettent de faire de l’eau une marchandise exigent de grands investissements de capital pour des installations delongue durée de vie (parfois 50 à 100 ans).C’est une immense infrastructure quiguide la circulation de l’eau d’unemanière interconnectée sur une grandeéchelle et couvre souvent des régionsentières [14] La quantité, la qualité et larégularité des eaux courantes sont déterminées par le maillon le plus faible dans ladivision technique et sociale sophistiquéeque cela exige. Des quantités suffisamment grandes de capital doivent être réunies et immobilisées dans la constructionde systèmes d’infrastructure fixe avec uncycle de rotation long et des retours surinvestissement relativement faibles.Produire et fournir l’eau est essentiellement et nécessairement une activité profondément localisée, alors que la transporter en grands volumes est unprocessus difficile et coûteux. Ce doubleaspect des systèmes d’eau modernes –contrôle centralisé d’un côté, avec un processus de circulation nécessairementlocalisé, d’un autre côté – aboutit à desconséquences très contradictoires etconflictuelles. Les conditions géo-climatiques – telles que la disponibilité et lasorte de ressources en eau – et le type derégimes pluviaux, ainsi que les modèlesd’occupation du territoire sont d’unegrande importance pour l’organisationdes systèmes de gestion de l’eau. Mais cescaractéristiques physiques ne peuvent pasêtre séparées de l’organisation des rapports humains. [15]En bref, l’urbanisation de l’eau et les processus social, économique et culturelassociés à sa domestication placent l’accès à l’eau carrément dans le domaine dela différentiation

dent: l’eau ne coule plus de haut en bas, elle coule vers l’argent. Robert F. Kennedy Jr.[1] Ce que nous appelons le pouvoir de l’homme sur la nature se révèle être un pouvoir exercé par certains hommes sur d’autres au moyen de la nature. C.S. Lewis[2] la brèche juin 2010 48

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