RELATIVITÉ GÉNÉRALEparDavid SÉNÉCHALPh.D., Professeur TitulaireUNIVERSITÉ DE SHERBROOKEFaculté des sciencesDépartement de physique(mars 2020)
Ce manuel électronique fut utilisé dans le cadre du cours PHQ615 (Relativité générale) à l’Université de Sherbrooke, depuis 2018. Il fait partie d’une collection de manuels électroniquesdiffusés par des professeurs du département de physique de l’Université de Sherbrooke. Ila été revisité pour une diffusion sous licence libre en collaboration avec la fabriqueRELen mars 2020. Il est diffusé sous licence Creative Commons dans sa version BY-NC, saufindications contraires.L’auteur, David Sénéchal, est professeur titulaire à l’Université de Sherbrooke. Son domaine derecherche est la modélisation numérique des matériaux quantiques. C’est dans un espritde partage et de collaboration qu’il a décidé de partager cette ressource éducative libre. Laliste de ses publications est disponible sur Google Scholar.Sauf indications contraires, le contenu de ce manuel électronique est disponible en vertu des termes de la Licence CreativeCommons Attribution - Pas dutilisation commerciale 4.0 International.Vous êtes encouragé à :Partager – copier, distribuer et communiquer le matériel par tous moyens et soustous formats.Adapter – remixer, transformer et créer à partir du matériel.Selon les conditions suivantes :Paternité – Vous devez citer le nom de l’auteur original.Pas d’utilisation commerciale – Vous n’avez pas le droit d’utiliser le matériel à desfins commerciales.
Une théorie est avant tout faite de la manière dont elle est pensée, dont elle est comprise,dont elle est interprétée, bref, dont elle est vécue. C’est qu’une théorie doit être interprétée pour être appliquée, et l’on ne peut guère la définir en en donnant simplement lesrègles ; des règles qui sont infiniment plus complexes, plus fluides qu’il n’apparaît aupremier abord ; une théorie n’existe guère que dans l’esprit, l’opinion, le jugement deses experts, comme une oeuvre d’art en quelque sorte. Isolée, oubliée, sans applicationsthéoriques ou pratiques, elle est comme un livre perdu au fond d’une bibliothèque,que personne ne lirait, n’aimerait, dont on n’aurait aucun besoin. Bref une théorievie, elle est à comprendre dans l’esprit de ses experts, à un moment donné de sa vie. Et,parallèlement à la manière dont les générations d’experts la comprennent, sans mêmeque ses équations ne varient, elle évolue.— Jean Eisenstaedt, Einstein et la relativité générale
TABLE DES MATIÈRESTable des matières51 Rappels de relativité restreinteA Espace-temps . . . . . . . . . . . . . . . .1 Structure de l’espace-temps pseudo-euclidien. . .2 Transformations de Lorentz. . . . . . . . . .3 Temps propre, vitesse et accélération . . . . . .B Dynamique relativiste . . . . . . . . . . . . .1 Action d’une particule libre . . . . . . . . . .2 Particule chargée dans un champ électromagnétique3 Forme covariante de l’équation du mouvement . .4 Transformation des champs électromagnétiques. .C Problèmes. . . . . . . . . . . . . . . . . 444546474749515153545555573 Principes de la relativité généraleA Théorie newtonienne de la gravitation . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Loi de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Le principe d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65656566.2 Géométrie riemannienneA Vecteurs et tenseurs sur un espace courbe . . . . . . . . .B Connexion affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Transport parallèle . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Dérivée covariante . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Relation entre la connexion affine et le tenseur métrique . . .C Géodésiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Description mathématique d’une courbe. . . . . . . . .2 Définitions d’une géodésique . . . . . . . . . . . . .D Courbure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Définition du tenseur de Riemann . . . . . . . . . . .2 Tenseur de Riemann et transport parallèle . . . . . . . .3 Tenseurs de Ricci, courbure scalaire et tenseur d’Einstein . .E Exemples simples en dimension 2 . . . . . . . . . . . . .1 La sphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Le cylindre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Le cône . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Le tore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 L’hyperbole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .F Annexe : intégrales et théorème de Stokes généralisé . . . . .1 Pseudotenseur complètement antisymétrique . . . . . . .2 Pseudotenseur dual . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Éléments d’hypervolume, de volume, de surface et de longueur4 Théorème de Stokes généralisé . . . . . . . . . . . .5 Exemples en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . .G Problèmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5.
B Le principe de relativité générale . . . .1 Mouvement inertiel d’une particule. .2 Coordonnées localement cartésiennes.3 Limite non relativiste . . . . . . .4 Formulation lagrangienne alternative .C Distances et durées . . . . . . . . .1 Décalage vers le rouge . . . . . . .2 Définition des distances . . . . . .D Équations du champ de gravitation . . .1 Action d’Einstein-Hilbert . . . . . .2 Tenseur d’énergie-impulsion . . . .3 Variation de l’action d’Einstein-Hilbert4 Équations d’Einstein . . . . . . .5 Limite non relativiste . . . . . . .E La constante cosmologique . . . . . .F Problèmes. . . . . . . . . . . . .4 Géométrie de SchwarzschildA Solution de Schwarzschild . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Métrique isotrope générale . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Résolution des équations du champ. . . . . . . . . . . . . .B Géodésiques de Schwarzschild . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Équations générales des géodésiques dans la solution de Schwarzschild2 Trajectoires des particules massives. . . . . . . . . . . . . .3 Mouvement radial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Mouvement circulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 Précession des orbites elliptiques. . . . . . . . . . . . . . .6 Trajectoire des photons . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 Déviation des rayons lumineux . . . . . . . . . . . . . . .C Précession géodétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .D Horizons et singularités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Singularités intrinsèques vs singularités de coordonnées . . . . . .2 Horizon d’événements. . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Surface à décalage infini . . . . . . . . . . . . . . . . . .E Coordonnées de Kruskal-Szekeres. . . . . . . . . . . . . . . .1 Cônes de lumière entrants et sortants . . . . . . . . . . . . .2 Coordonnées de Kruskal-Szekeres . . . . . . . . . . . . . .3 Diagramme d’espace-temps de Kruskal-Szekeres . . . . . . . .F Trous de vers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Pont d’Einstein-Rosen . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Trou de ver dans le trou noir de Schwarzchild . . . . . . . . . .G Rayonnement de Hawking et évaporation des trous noirs . . . . . . .1 Température de Hawking. . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Évaporation du trou noir . . . . . . . . . . . . . . . . . .H Problèmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 Géométrie de KerrA Métrique de Kerr . . . . . . . .1 Entraînement des repères . . .2 Métrique de Kerr . . . . . . .3 Cas limites de la métrique de Kerr.85. 85. 85. 87. 88. 88. 90. 92. 94. 95. 97. 98. 99. 102. 102. 103. 104. 105. 105. 106. 108. 109. 109. 110. 112. 112. 114. 116.121. 121. 122. 122. 123.67686870717373747575767779798183
. 125. 127. 128. 129. 131.133. 133. 133. 135. 137. 137. 139. 140. 140. 143. 145. 147. 151. 1547 CosmologieA Le principe cosmologique . . . . . . . . . . . .B Univers de Friedmann-Lemaître . . . . . . . . .1 Métrique de Friedmann-Lemaître . . . . . . .2 Espace à courbure spatiale constante positive . . .3 Espace à courbure spatiale constante négative. . .4 Géodésiques dans l’espace de Friedmann-Lemaître.5 Décalage vers le rouge cosmologique . . . . . .6 La constante de Hubble . . . . . . . . . . .C Modèles cosmologiques . . . . . . . . . . . .1 Équations de Friedmann-Lemaître . . . . . . .2 Équations du mouvement du fluide cosmologique .3 Paramètres cosmologiques . . . . . . . . . .4 Diagramme de phase cosmologique . . . . . .5 Évolution temporelle du facteur d’échelle . . . .D Cosmologie inflationnaire. . . . . . . . . . . .1 Les paradoxes du modèle cosmologique standard .2 Le problème de l’horizon . . . . . . . . . . .3 Expansion inflationnaire . . . . . . . . . . .4 L’inflaton . . . . . . . . . . . . . . . . .E Problèmes. . . . . . . . . . . . . . . . . .155. 155. 156. 156. 159. 160. 161. 162. 163. 164. 164. 165. 168. 169. 171. 174. 174. 175. 176. 176. 180.183. 183. 186. 187. 187. 189. 191BCDE4 singularités de la métrique de Kerr . . . . .Ergosphère et processus de Penrose . . . . . .Géodésiques équatoriales dans la métrique de KerrEffet Lense-Thirring . . . . . . . . . . . .Problèmes. . . . . . . . . . . . . . . .6 Ondes gravitationnellesA Relativité linéarisée . . . . . . . . . . .1 Déformation du tenseur métrique . . . .2 Équations d’Einstein linéarisées . . . . .B Propagation des ondes gravitationnelles . . .1 Solution générale à l’équation d’onde . . .2 Effet du passage d’une onde gravitationnelleC Rayonnement des ondes gravitationnelles . .1 Fonction de Green pour l’équation d’onde .2 Approximation des sources compactes . .3 Rayonnement causé par un objet binaire . .4 Énergie portée par une onde gravitationnelle5 Détection des ondes gravitationnelles . . .D Problèmes. . . . . . . . . . . . . . .8 AnnexesA Formulaire . . . . . . . . . . . . . .B Unités géométriques . . . . . . . . . . .C Vecteurs et tenseurs . . . . . . . . . . .1 Composantes covariantes et contravariantes2 Tenseurs . . . . . . . . . . . . . .D Tenseur d’énergie-impulsion d’un fluide parfait.
E Calcul du tenseur de Riemann avec SymPy . . . . . . . . . . . . . . . . 1941 Calcul de quantités reliées à la métrique statique à symétrie sphérique générale,en fonction des fonctions inconnues A(r ) et B (r ). . . . . . . . . . . . . 1942 Calcul de quantités reliées à la métrique de Schwarzschild . . . . . . . . . 195
TABLE DES 4.94.10Addition des vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tenseur métrique et élément de volume . . . . . . . . . . . . . . . . . . .accélération constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Forme générale de la transformation de Lorentz . . . . . . . . . . . . .composition des transformations de Lorentz . . . . . . . . . . . . . . . .paradoxe des jumeaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Effet Compton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .mouvement dans un champ électrique constant . . . . . . . . . . . . .mouvement dans un champ magnétique constant . . . . . . . . . . . .mouvement dans des champs magnétique et électrique parallèlesmouvement dans des champs magnétique et électrique croisés . .coordonnées stéréographiques sur la sphère . . . . . . . . . . . . . . . .connexion affine pour une métrique diagonale . . . . . . . . . . . . . .coordonnées polaires planes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .géodésiques sur le tore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .transport parallèle le long d’un parallèle sur la 2-sphère . . . . . . . .transport parallèle le long d’un parallèle sur la 2-sphère (suite) . . .coordonnées curvilignes sur le plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .quadri-divergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .vecteurs de Killing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .vecteurs de Killing (suite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .commutation des dérivée covariantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .identité de Bianchi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .métrique non triviale pour un espace plat . . . . . . . . . . . . . . . . . .symétrie du tenseur de Ricci . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .facteur d’échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .séparation des coordonnées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .géométrie de la 3-sphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .géométries conformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .coordonnées de Kottler-Møller . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .décalage en fréquence d’un satellite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .référentiel tournant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .variation de la connexion affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .tenseur d’énergie-impulsion du champ électromagnétique . . . . .Conservation de l’énergie-impulsion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .surface d’une sphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .paradoxe des jumeaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Force de marée près d’un trou noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .troisième loi de Kepler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .orbite circulaire d’un photon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .théorème de Jebsen-Birkoff . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .problème de Kepler relativiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .coordonnées de Lemaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Coordonnées de Painlevé-Gullstrand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .coordonnées de Kruskal-Szekeres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9.24242424252526262626. 27. 57. 57. 575858585859596060606060. 61. 61. 6162838383. 84. 84. 84116116116. 117. 117. 117118118119120
e rs 0 de la métrique de Kerr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .orbites circulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .orbites circulaires extrêmes dans la métrique de Kerr . . . . . . . . .caractère tensoriel de hi j . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .conservation de l’énergie-impulsion par les équations d’Einsteintenseur de Riemann d’une onde gravitationnelle . . . . . . . . . . . .Moment cinétique du trou noir de Kerr . . . . . . . . . . . . . . . . . . .courbure scalaire de l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .espace plat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Décalage vers le rouge d’une particule massive . . . . . . . . . . . . .carré de la courbure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Décalage du facteur γ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .travail de la pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Cosmologie newtonienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .distribution du corps noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10. 131. 131. 131. 154. 154. 154. 154180180180180. 181. 181. 181. 181
CHAPITRE 1RAPPELS DE RELATIVITÉ RESTREINTEL’objectif de ce chapitre, comme son nom l’indique, est d’offrir au lecteur un rappel des notionsmathématiques de base de la théorie de la relativité restreinte. Parce qu’il s’agit de rappels, nouspassons sous silence tout le volet «interprétation» de la théorie et ses applications particulières.Nous visons plutôt à mettre le lecteur sur les rails d’un point de vue formel, mathématique. Lelecteur non familier avec les notions de tenseurs et de composantes covariantes et contravariantespeut consulter l’annexe 8.C.AEspace-tempsLes notions newtoniennes d’espace absolu et de temps absolu sont en contradiction avec leslois régissant les phénomènes électromagnétiques, comme démontré à la fin du XIXesiècle,soit par expérimentation (expérience de Michelson & Morley), soit par raisonnement direct àpartir des équations de Maxwell (Lorentz, Poincaré, Einstein). La conséquence est qu’on ne peutpas attribuer un caractère absolu à la notion de simultanéité de deux événements : la chosedépend du référentiel de l’observateur. Par contre, on peut considérer que l’espace et le tempsforment ensemble un ensemble plus grand appelé espace-temps, décrit par quatre coordonnées(c t , x , y , z ) et que ce nouvel espace possède, lui, un caractère absolu. On veut dire par là qu’onpeut considérer les points de ce nouvel espace, appelés événements, comme ayant une existenceindépendante du référentiel de l’observateur. Assigner des coordonnées d’espace-temps à unévénement (ou à un ensemble d’événements) relève donc d’un choix de référentiel, mais lesévénements eux-mêmes existent indépendamment de ces coordonnées. En ce sens, la théorie dela relativité restreinte constitue une relativisation des notions de temps et d’espace qui s’appuiesur l’introduction d’un nouvel absolu : l’espace-temps.1.A.1Structure de l’espace-temps pseudo-euclidienSur l’espace-temps, nous allons utiliser les coordonnées temporelle et spatiales dansl’ordre suivant : (c t , x , y , z ) (x 0 , x 1 , x 2 , x 3 ). 1 Tant que l’espace-temps est plat, c’està-dire dans le régime étudié par la relativité restreinte, on peut introduire une base orthonorméeposition1. On numérote à partir de zéro dans le but de laisser la place à des extensions de l’espace-temps comportant plusde trois dimensions d’espace.11
Chapitre 1. Rappels de relativité restreinte(e0 , e1 , e2 , e3 ) dans l’espace-temps. On peut alors décrire un événement E à l’aide d’un vecteurposition x dont les composantes contravariantes sont les coordonnées : 2x x i ei(1.1)Notons d’emblée que la notion de vecteur position dans un espace n’est applicable que si l’espaceest plat. Par exemple, on ne peut pas localiser un point situé sur la surface d’une sphère à l’aided’un vecteur à deux composantes (le nombre de coordonnées décrivant cette surface) issu d’uneorigine définie quelque part sur cette surface. Pour que ce soit possible, il faut que l’additiondes coordonnées, composante par composante, soit une opération bien définie, c’est-à-dire quiproduise les coordonnées d’un autre point dans l’espace considéré, le même quelle que soit labase choisie. Autrement dit, la notion de vecteur position a un sens si l’espace étudié a lui-mêmeune structure d’espace vectoriel. Dans ce cas, additionner deux points (ou événements) E1 et E2a un sens et produit un troisième point E E1 E2 dont les coordonnées sont les sommes descoordonnées de E1 et de E2 .Notation indicielle et vectorielleOn utilisera des indices tirés du milieu de l’alphabet (i , j , k , l , etc.) pour désigner lescomposantes des vecteurs et tenseurs dans l’espace-temps ou dans l’espace completconsidéré, même s’il est euclidien. À l’occasion, on utilisera des indices tirés des premièreslettres de l’alphabet (a , b , c , etc.) pour les indices purement spatiaux. De plus, nousutiliserons des caractères gras italiques (ex. x) pour désigner des vecteurs dans l’espacetemps (quadrivecteurs) ou dans l’espace total considéré, même s’il est euclidien. Descaractères gras droits (ec. x) seront utilisés pour les vecteurs purement spatiaux dans uncontexte relativiste (pour éviter la confusion avec les quadrivecteurs) et, à l’occasion, pourdes matrices ou des tenseurs considérés comme des matrices.La structure de l’espace-temps en relativité restreinte est définie par la notion d’intervalle, qui généralise la notion de distance dans l’espace. L’intervalle entre deuxévénements E1 et E2 , noté s 2 , est défini comme suit :Intervalles 2 c 2 (t 1 t 2 )2 (x1 x2 )2 (y1 y2 )2 (z 1 z 2 )2(1.2)Pour faciliter les choses, on suppose souvent que l’un des événements est situé à l’origine del’espace-temps, de sorte que l’intervalle entre un événement E et l’origine s’écrits 2 c 2t 2 x 2 y 2 z 2(1.3)La proposition centrale en relativité restreinte est que l’intervalle est un invariant (ou scalaire). Laforme de l’intervalle est semblable à celle de la distance au carré dans l’espace euclidien habituel,sauf pour les signes opposés entre les contributions temporelle et spatiale. Cette différence designe est essentielle et définit ce qu’on appelle un espace pseudo-euclidien. L’intervalle peut êtrepositif, négatif ou nul, ce qui permet de séparer l’espace-temps en plusieurs régions relativement2. Contrairement aux cours plus élémentaires portant en partie sur la relativité restreinte, nous n’utiliseronspas le préfixe quadri pour désigner les vecteurs dans l’espace-temps. Au contraire, on emploiera le préfixe tri pourdésigner les objets purement spatiaux, qui se rencontrent moins souvent dans ce cours. Ainsi, la position ordinairedans l’espace, notée r, sera qualifiée de trivecteur, ou on parlera du trivecteur position, etc. Nous ferons une exceptionpour la quadrivitesse et la quadriaccélération.12
A. Espace-tempsà l’origine (voir fig. 1.1). Deux événements qui peuvent être reliés par un signal lumineux (c’est-àdire se propageant à la vitesse limite) sont séparés d’un intervalle nul, qui sera donc nul dans tousles référentiels. Ceci entraîne que la vitesse de la lumière est la même dans tous les référentiels,indépendamment de l’état de mouvement de la source ou du détecteur.Notons que plusieurs ouvrages sur la relativité générale utilisent une convention différente, soitun signe opposé, dans la définition de l’intervalle, de manière à ce que l’intervalle soit positifpour des séparations spatiales. Notre définition (1.3) se base sur la signature ( , , , ), ce quiest conforme à ce qui est utilisé dans les manuels de théorie quantique des champs et aussi dansune bonne fraction des manuels de relativité générale.FIGURE 1.1Par rapport à un événement donné adopté comme origine, l’espace-temps se divise en plusieurs sections : lepassé (t 0, s 2 0), le futur (t 0, s 2 0) et l’ailleurs(s 2 0). Ces régions sont séparées par le cône de lumière, constitué des points qu’un signal lumineux peutatteindre à partir de l’origine (cône supérieur) et despoints qui peuvent atteindre l’origine par un signal lumineux (cône inférieur).Avertissement : vitesse de la lumièreOn utilisera dans la suite de ce manuel un système d’unités dans lequel la vitesse de lalumière c est égale à l’unité. Cela revient à mesurer les distances en secondes, ce quiest déjà le fondement du système international d’unités (SI), car le mètre est défini enfonction de la seconde. Les vitesses seront donc dorénavant des quantités sans unités,alors que l’accélération aura les unités d’une longueur inverse (ou du temps inverse, cequi est la même chose). Ce choix fait partie de ce qu’on appelle les unités géométriques,en fonction desquelles la constante gravitationnelle G est aussi égale à 1. L’annexe 8.Bcontient un tableau qui permet de convertir rapidement vers les unités habituelles uneexpression exprimée en unités géométriques.1.A.2Transformations de LorentzL’intervalle (1.3) peut être exprimé à l’aide d’un tenseur métrique : s 2 g i j x i x j . Les composantescovariantes de ce tenseur sont les suivantes : 1 000 0 0 1 0[g i j ] (1.4) 0 0 1 0 00130 1
Chapitre 1. Rappels de relativité restreinteLe tenseur métrique contravariant g i j devant respecter la contrainte g i k g k j δij , la matricecorrespondante est donc l’inverse de la matrice ci-dessus, c’est-à-dire la même : g i j g i j .Le passage d’un référentiel S vers un autre référentiel S ′ se déplaçant à vitesse constante parrapport à S est défini par une transformation linéaire entre les coordonnées x i utilisées dans Set les nouvelles coordonnées x ′i utilisées dans S ′ . Une telle transformation prend donc la formegénérale suivante (voir éq. 8.35) :x ′i Λi j x j(1.5)Le tenseur métrique étant le même dans tous les référentiels inertiels (car l’intervalle est uninvariant et son expression est la même dans tous les référentiels inertiels), la matrice Λ doitrespecter les contraintes suivantes :g i j x ′i x ′ j g i j Λi k Λ j l x k x l g k l x k x l(1.6)ou encore, puisque cette relation est valable pour tout x,g k l g i j Λi k Λ j l(1.7)En notation matricielle, cette relation prend la forme suivante :g ΛT gΛ .(1.8)Toute matrice Λ respectant cette contrainte définit une transformation de Lorentz. Commeg 1 g dans l’espace-temps de Minkowski, on peut inverser la relation ci-haut et obtenirΛ 1 gΛT g .(1.9)Voyons combien de paramètres sont nécessaires pour décriretoutes les transformations de Lorentz possibles. La matrice Λcomporte 4 4 16 éléments réels. La contrainte (1.7) représente en fait une matrice de contraintes (une pour chaque composante g i j ), mais comme elleest symétrique lors de l’échange i j , cela ne constitue que 10 contraintes indépendantes. Ilreste donc 16 10 6 paramètres indépendants pour couvrir l’ensemble des transformations deLorentz. Évidemment, une rotation ordinaire dans l’espace constitue une transformation desaxes qui, sans impliquer un changement de référentiel, respecte la contrainte ci-dessus. Commeune rotation est définie par 3 paramètres (les angles d’Euler, par exemple), il reste 3 paramètrespour définir les transformations de Lorentz proprement dites, ou transformation spéciale deLorentz (angl. Lorentz boost). Ces trois paramètres sont évidemment les trois composantes de lavitesse relative des deux référentiels.nombre de paramètres dansla transformation de LorentzS yS′ y ′VFIGURE 1.2xztransformation de Lorentz etrapiditéx′z′Considérons deux référentiels S et S ′ se déplaçant l’un par rapport à l’autre à une vitesse V le long de l’axe des x , comme14
A. Espace-tempsillustré à la figure 1.2. La transformation de Lorentz décrivantce changement de référentiel est la suivante :x ′ γ(x V t )y′ yt ′ γ(t V x )z′ z(1.10)poù γ 1/ 1 V 2 . On introduit aussi la rapidité ψ définie par la relationtanh ψ V(1.11)La transformation de Lorentz prend alors la formex ′ x cosh ψ t sinh ψy′ yt ′ t cosh ψ x sinh ψz′ z(1.12)L’avantage de la rapidité est que (1) la transformation de Lorentz est formellement similaire àune rotation dans l’espace, où les fonctions circulaires ont été remplacées par des fonctionshyperboliques et (2) la composition de deux transformations de Lorentz successives dans lamême direction se fait par simple addition des rapidités. La matrice Λ correspondante est γ V γΛ 00 V γ 0 0γ cosh ψ0 0 0 sinh ψ 1 0 000 10 sinh ψ 0 0cosh ψ 0 0 0 1 0 00 1(1.13)mais elle serait différente pour un changement de référentiel accompagné d’une rotation desaxes, ou suivant un axe quelconque.transformation inverseLes composantes covariantes A i d’un vecteur se transforment à l’aidede la transposée de la matrice inverse de Λ, selon la relation (8.41) :A ′i (Λ 1 ) j i A j(1.14)Naturellement, la matrice inverse de (1.13) s’obtient simplement en changeant le signe de V , caril suffit d’inverser la vitesse pour revenir au référentiel initial à partir du nouveau référentiel S ′ .Nous allons adopter la notation suivante pour la transformation inverse :(Λ 1 )i j Λ j i(1.15)(notez l’ordre des indices). Cette notation se justifie en exprimant la transformation d’un vecteurcovariant en fonction de sa version contravariante et du tenseur métrique :A ′i (g i k A k )′ g i k A ′k g i k Λk l A l g i k Λk l g l j A j(1.16)Or, selon l’éq. (1.9), l’expression qui précède A j ci-dessus n’est autre que Λi j . DoncΛi j g i k g l j Λk l(1.17)Autrement dit, la matrice de transformation inverse s’obtient simplement en élevant et abaissantles indices à l’aide du tenseur métrique et de son inverse, qui est dans ce cas le même dans tousles référentiels (ce point est capital pour que l’argument fonctionne). Notez aussi que la positionhorizontale des indices (droite ou gauche) est importante et doit êtr
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319 Schedu/P 2 Pagelof5 Rite 01 RIIe 02 R&1e 07 Rale 08 R,te 09 Rile 11.TOI Rate 15 Rate 22 R,te 24 Rete 25 Ra1e 25 Rite 28 R,!e 30 Rate 31 R e 34 Rale. WH OMCAptbn Test Year S M Recre . or , al St w ·