« Pour Que Croyiez Vous - L'Eglise Catholique En Haute-Garonne

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« Pourque vouscroyiez. »Lecture de l’Évangile selon saint Jeandans l’élan de l’Année de la foiLettre pastorale sur l’Église et les sacrements fr. Robert Le Gall, Archevêque de Toulouse

« Pourque vousJean-François SALLEScroyiez. »En cette Année de la foi qui s’achève,j’ai souhaité que l’on relise dans lediocèse l’Évangile selon saint Jean. Eneffet, à la fin d’une première conclusion auterme du chapitre 20, on peut lire ceci : « Ily a encore beaucoup d’autres signes que Jésus afaits en présence de ses disciples et qui ne sontpas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là yont été mis afin que vous croyiez que Jésus est leMessie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi,vous ayez la vie en son nom » (30-31). À la findu chapitre suivant, qui est le dernier, il estprécisé que son auteur est le disciple qui rendtémoignage et qui sait que son témoignage estvrai. La dernière phrase de saint Jean fait échoà celle que nous venons de citer : « Il y a encorebeaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’ilfallait rapporter chacune d’elles, je pense que lemonde entier ne suffirait pas pour contenir leslivres qu’on écrirait ainsi » (21, 25).« Beaucoup de choses », « beaucoup de signes » :les expressions sont très voisines ; elles ontle même objectif : amener à la foi, ou, plusexactement, à l’acte de croire. À travers quelsévénements, quels signes, Dieu nous parle-t-ilaujourd’hui ? Dans l’Évangile selon saint Jean,les temps, les paroles et les signes sont liés :pour croire, aujourd’hui comme au tempsdes Apôtres, il faut écouter et regarder avecun cœur droit. « Crois-tu au Fils de l’homme ? »demande Jésus à l’aveugle-né qui a recouvré lavue. « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croieen lui ? » répond ce dernier, en montrant ladisposition de son cœur. « Tu le vois et c’est luiqui te parle » reprend Jésus. Il dit : « Je crois,Seigneur, et il se prosterna devant lui. » (Jn 9,35-38) La suite peut nous interroger aussi :« Jésus dit alors : “Je suis venu en ce mondepour une remise en question : pour que ceuxqui ne voient pas puissent voir, et que ceuxqui voient deviennent aveugles”. » À proposde ceux qui ne voulaient pas voir, Jean écrit :« Malgré tous les signes qu’il avait accomplisdevant eux, les Juifs ne croyaient pas en lui. »(12, 37)Nous allons revoir ensemble quelle béatitude est pour nous l’acte de croire (1er chapitrepage 4 de cette lettre) et à quels « signes » nousdevons être attentifs pour croire (2e chapitrepage 9). Nous pourrons, alors, nous arrêter3

aux sacrements de la foi et à la manière dontnous en vivons et dont nous les proposons (3echapitre page 15). Nous finirons par posernotre regard sur l’Église, « sacrement universeldu salut », comme en parle souvent le deuxième concile du Vatican, et ce dès la premièrepage de la Constitution Lumen gentium (4 echapitre page 21).c’est une écoute personnelle, qui distinguela voix et reconnaît celle du Bon Pasteur(cf. Jn 10, 3-5) ; une écoute qui requiert lasequela, comme cela se passe avec les premiersdisciples qui, « entendirent ses paroles et suivirent Jésus » (Jn 1, 37). D’autre part, la foi estliée aussi à la vision. Parfois, la vision des signesde Jésus précède la foi, comme avec les Juifsqui, après la résurrection de Lazare, « avaientvu ce qu’il avait fait, crurent en lui » (Jn 11,45). D’autres fois, c’est la foi qui conduit àune vision plus profonde : « si tu crois, tu verrasla gloire de Dieu » (Jn 11, 40). Enfin, croireet voir s’entrecroisent : « Qui croit en moi [ ]croit en celui qui m’a envoyé ; et qui me voit, voitcelui qui m’a envoyé » (Jn 12, 44-45). Grâceà cette union avec l’écoute, la vision devientun engagement à la suite du Christ, et la foiapparaît comme une marche du regard, danslequel les yeux s’habituent à voir en profondeur. Et ainsi, le matin de Pâques, on passe deJean qui, étant encore dans l’obscurité devantle tombeau vide, « vit et crut » (Jn 20, 8), àMarie de Magdala qui, désormais, voit Jésus(cf. Jn 20, 14) et veut le retenir, mais est invitéeà le contempler dans sa marche vers le Père,jusqu’à la pleine confession de la même Mariede Magdala devant les disciples : « j’ai vu leSeigneur ! » (cf. Jn 20, 18).Comment arrive-t-on à cette synthèse entrel’écoute et la vision ? Cela devient possible àpartir de la personne concrète de Jésus, quel’on voit et que l’on écoute. Il est la Parolefaite chair, dont nous avons contemplé lagloire (cf. Jn 1, 14). La lumière de la foi estcelle d’un Visage sur lequel on voit le Père. Eneffet, la vérité qu’accueille la foi est, dans lequatrième Évangile, la manifestation du Pèredans le Fils, dans sa chair et dans ses œuvresterrestres, vérité qu’on peut définir commela « vie lumineuse » de Jésus. Cela signifie quela connaissance de la foi ne nous invite pas àregarder une vérité purement intérieure. Lavérité à laquelle la foi nous ouvre est une véritécentrée sur la rencontre avec le Christ, sur laLe quatrièmeÉvangile,un appelà l’acte de croireThomas n’était pas avec les autres Apôtresle soir de la Résurrection ; quand ses frèreslui disent qu’ils ont vu le Seigneur, il neconsent pas à croire avant de voir lui-mêmeet de toucher. Jésus se prête à cette exigence,non sans lui reprocher son attitude : « Cessed’être incrédule, sois croyant ! » (20, 27). Toutl’Évangile de Jean est fait pour ce passage, unretournement semblable à celui de MarieMadeleine au tombeau. Thomas prononcela confession de foi que le Seigneur attendde nous : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »,mais Jésus ajoute : « Parce que tu m’as vu, tucrois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »Comme le dit saint Grégoire le Grand, « cettebéatitude est la nôtre ». Au cœur de sa premièreLettre encyclique, le pape François montrecomment, dans l’Évangile selon saint Jean, lafoi, la vue, l’écoute et le toucher se rejoignent :La connexion entre la vision et l’écoute,comme organes de connaissance de la foi,apparaît avec la plus grande clarté dans l’Évangile de Jean. Selon le quatrième Évangile,croire c’est écouter et, en même temps, voir.L’écoute de la foi advient selon la formede connaissance qui caractérise l’amour :4

contemplation de sa vie, sur la perception desa présence. En ce sens, saint Thomas d’Aquinparle de l’oculata fides des Apôtres — unefoi qui voit ! — face à la vision corporelle duRessuscité. Ils ont vu Jésus ressuscité avecleurs yeux et ils ont cru, c’est-à-dire ils ontpu pénétrer dans la profondeur de ce qu’ilsvoyaient pour confesser le Fils de Dieu, assis àla droite du Père.« C’est seulement ainsi que, à travers l’Incarnation, à travers le partage de notre humanité,pouvait s’accomplir pleinement la connaissancepropre de l’amour. La lumière de l’amour, eneffet, naît quand nous sommes touchés dans notrecœur ; nous recevons ainsi en nous la présenceintérieure du bien-aimé, qui nous permet dereconnaître son mystère. Nous comprenons alorspourquoi, avec l’écoute et la vision, la foi est,selon saint Jean un toucher, comme il l’affirmedans sa première lettre : “[ ] ce que nous avonsentendu, ce que nous avons vu de nos yeux[ ] ce que nos mains ont touché du Verbede vie” (1 Jn 1, 1). Par son Incarnation, par savenue parmi nous, Jésus nous a touchés, et, parles Sacrements aussi il nous touche aujourd’hui ;de cette manière, en transformant notre cœur, ilnous a permis et nous permet de le reconnaître etde le confesser comme le Fils de Dieu. Par la foi,nous pouvons le toucher, et recevoir la puissancede sa grâce. Saint Augustin, en commentant lepassage sur l’hémorroïsse qui touche Jésus pourêtre guérie (cf. Lc 8, 45-46), affirme : “Toucheravec le cœur, c’est cela croire”. La foule serassemble autour de Lui, mais elle ne l’atteint pasavec le toucher personnel de la foi, qui reconnaîtson mystère, sa Filiation qui manifeste le Père.C’est seulement quand nous sommes configurésau Christ, que nous recevons des yeux adéquatspour le voir. » 1Au tout début du quatrième Évangile, « aucommencement », le Prologue ne parle passeulement d’aveuglement, comme celui dontparle Jésus aux Juifs (9, 39), mais d’un mystèred’obscurité. Jean revient souvent sur ce combatentre la lumière et les ténèbres : « La lumièrebrille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pasarrêtée » . Le Verbe du commencement sanscommencement était auprès de Dieu ; il étaitDieu ; il était la vie, la lumière des hommes.Envoyé par Dieu, et à ce titre « apôtre », JeanBaptiste vient comme annonciateur de laLumière : « Il était venu comme témoin, pourrendre témoignage à la Lumière, afin que touscroient par lui. » (1, 1-7). Jean comme Jésus,comme les Apôtres, comme l’Évangile, nousinvite à croire. Au pied de la Croix, au momentoù l’eau et le sang sortent du côté de Jésus,l’autre Jean écrit : « Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi » (19, 35).La Lumière n’a pas été reconnue, les siensn’ont pas reçu Jésus, « mais tous ceux qui l’ontreçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donnépouvoir de devenir enfants de Dieu » (1, 12).Le pape émérite Benoît XVI a commenté cepassage dans son livre sur L’enfance de Jésus :« Qui croit en Jésus entre, par la foi, dans l’origine personnelle et nouvelle de Jésus, reçoit cetteorigine propre. En eux-mêmes, tous ces croyantsont été, avant tout, “engendrés par le sanget la volonté de l’homme”. Mais la foi leurconfère une nouvelle naissance : ils entrent dansl’origine de Jésus-Christ, qui désormais, devientleur origine même. En vertu du Christ, par lafoi en Lui, ils sont à présent engendrés par Dieu.Notre vraie généalogie est la foi en Jésus, qui nousdonne une nouvelle origine, nous fait naître deDieu. »2 En effet, tout le quatrième Évangileest écrit pour que, par notre foi, nous ayonsla vie en son nom (cf. 20, 31).Cette foi n’est pas seulement proposéeaux Juifs, ceux que l’évangéliste appelle « lessiens ». À cet égard, le chapitre 4 manifestel’universalité du salut. On sait que le Messagefinal du Synode sur la nouvelle évangélisation s’ouvre sur le dialogue de Jésus avec la1. Lumen fidei, 29 juin 2013, n. 30-312. Paris, Flammarion, 2012, p. 24-255

“« L'Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit.L'Église se fait parole ; l'Église se fait message ;l'Église se fait conversation. » (Paul VI)Samaritaine3. Jésus se rend disponible : il serepose et il attend ; c’est lui qui, à l’étonnement de la femme puis des disciples, engagela conversation. Selon la formule de Paul VI,dans l’esprit du concile Vatican II, « l’Églisese fait conversation. »4 Comment, dans notrediocèse, allons-nous au-devant des gens, dansun mouvement missionnaire ?Ma dernière Lettre pastorale nous invitaità partir à la rencontre de ceux qui attendent– plus nombreux que nous ne le pensons –l’annonce de la Bonne Nouvelle5. « Femme,crois-moi », dit Jésus à la Samaritaine ; connue,reconnue délicatement en sa personne et ensa vie, elle écoute et s’interroge : « Ne serait-ilpas le Messie ? » (4, 29. cf. 20, 31). La femme sefait apôtre, presque au scandale des Apôtres :« Beaucoup de Samaritains de cette ville crurenten Jésus, à cause des paroles de cette femme. » (4,39) Ils vinrent rencontrer Jésus à leur touret l’invitèrent à demeurer chez eux : le verbedemeurer a une grande portée en saint Jean(cf. 1, 38 : « Rabbi, où demeures-tu ? » Voir aussi15, 4-11). Après deux jours, le fruit de cetteprésence est clair : « Ils furent encore beaucoupplus nombreux à croire à cause de ses propresparoles et ils disaient à la femme : “Ce n’estplus à cause de ce que tu nous as dit que nouscroyons maintenant ; nous l’avons entendupar nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.” » (4, 41-42)À nous de faire comme la Samaritaine pourque les hommes et les femmes d’aujourd’huifassent, à leur tour, l’expérience du salut dansla rencontre avec Jésus. N’est-ce pas ce à quoinous exhorte notre pape François, quand ilnous demande d’aller vers « les périphéries existentielles » ? Il a dit clairement qu’il voulait uneÉglise pauvre, pour les pauvres ; et nous avonsajouté à Diaconia 2013 : avec les pauvres oupar les pauvres, en donnant la parole auxpauvres, en leur donnant une place, aussibien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église.L’expérience du salut, du Sauveur, se fait,pour nous, dans la foi, à travers ses paroles,ses œuvres et les signes qu’il nous donne ; cequi ouvre la porte aux sacrements de la foi.Pour nous inviter à croire en lui, le Verbe deDieu nous parle, il agit et nous donne dessignes, ce qui est manifeste tout au long duquatrième Évangile.L’enseignement de Jésus a frappé tous sescontemporains, comme en témoignent lesquatre Évangiles : il ne le donnait pas à lamanière des scribes. Depuis le Sermon inaugural sur la montagne, le plus clair de son temps,il le consacre à enseigner, soit les foules soitses disciples. On le voit surtout en saint Jean.À la fête des Tentes par exemple, il est ditqu’au Temple il « se mit à enseigner ». « Dansleur étonnement – continue le texte – les Juifsdisaient : comment cet homme connaît-il tantde choses sans avoir fait d’études ? » (7, 14-15).Ce qui donne à Jésus l’occasion de préciserd’où il vient6 et de qui procède sa doctrine :« Mon enseignement n’est pas le mien : c’est3. Du 26 octobre 2012, cf. n. 14. Première Lettre encyclique de Paul VI,Ecclesiam Suam, du 6 août 1964, n. 67Voir page 30 de cette lettre.5. p. 186. Cf. Benoît XVI, L’enfance de Jésus,chap. 1: « D’où es-tu ? »6

l’enseignement de celui qui m’a envoyé. Celuiqui veut faire la volonté de Dieu saura si cetenseignement vient de Dieu ou si je ne parlequ’en mon nom. » (7, 16-17) La droiture ducœur met en harmonie avec la source detoute vérité. Un avec son Père, Jésus ne peutenseigner que ce qu’il reçoit de lui : il sait parce qu’il est ; voilà d’où vient son autorité quiimpressionne tout le monde. Les chefs desprêtres et les pharisiens voulaient l’arrêter et ilsenvoient des gardes pour cela ; ils reviennentsans lui et ne savent qu’exprimer ce témoignage : « Jamais un homme n’a parlé commecet homme ! » (7, 46) On ne peut comprendresa parole si l’on n’est pas accordé à elle del’intérieur, par une connaturalité que donnel’obéissance de la foi.Les pharisiens reprochent à Nicodème dese faire le disciple de Jésus, parce que, danssa droiture, il refusait de le condamner sansl’entendre vraiment et sans examiner sesœuvres (cf. 7, 50-51). Nicodème était déjàvenu trouver Jésus, de nuit, impressionné parles signes qu’il accomplissait autant que parses paroles. Jésus lui avait répondu : « Amen,amen, je te le dis : nous parlons – curieux plurielpar lequel il évoque le Père – de ce que noussavons, nous témoignons de ce que nous avonsvu, et vous n’acceptez pas notre témoignage. »Vient alors l’appel à la foi : « Si vous ne croyezpas lorsque je vous parle des choses de la terre,comment croirez-vous quand je vous parlerai deschoses du ciel ? » (3, 11-12)Jésus se plaint souvent de ne pas êtreécouté ni compris : « Celui qui vient du cielrend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, etpersonne n’accepte son témoignage. Mais celuiqui accepte son témoignage certifie par là queDieu dit la vérité. » (3,32-33) Dans la longueet poignante altercation du chapitre 8 avec lespharisiens, Jésus revient sur le témoignage quiest le sien : « Oui, moi je me rends témoignage àmoi-même, et pourtant c’est un vrai témoignage,car je sais d’où je suis venu, et où je m’en vais.[ ] Moi, je me rends témoignage à moi-même,et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pourmoi. [ ] Vous ne connaissez ni moi ni monPère ; si vous me connaissiez, vous connaîtrezaussi mon Père. » (8, 14.18-19) Le péché, lesténèbres, l’aveuglement, c’est de refuser lestémoignages du Père et du Fils : « Si vous necroyez pas que moi, Je Suis, vous mourrez dansvos péchés. » (24) « Parce que je dis la vérité, vousne me croyez pas. [ ] Si je dis la vérité, pourquoine me croyez-vous pas ? » (45-46) Jésus, lui quiest la Vérité et la Vie, souffre profondémentdu rejet et de la haine dont il est l’objet ; il estobligé de faire le diagnostic suivant, qui estterrible : « Celui qui vient de Dieu écoute lesparoles de Dieu. Et vous, vous n’écoutez pas,parce vous ne venez pas de Dieu. » (47)C’est pourquoi, au terme de son enseignement public, Jésus affirme avec force : « Celuiqui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit,mais en celui qui m’a envoyé ; et celui qui mevoit, voit celui qui m’a envoyé. Moi qui suis lalumière, je suis venu dans le monde pour quecelui qui croit en moi ne demeure pas dans lesténèbres. » (12, 44-46) Nous voici revenus audébut du Prologue.En l’Année de la foi pour la nouvelleévangélisation, nous nous sommes demandécomment nous écoutions la parole de Jésus,comment nous revenions sur ses enseignements, comment nous entrions avec lui dansle mystère du Père, qui est le secret qu’il luitient tant à cœur de nous communiquer.Le titre de « Témoin fidèle » est le premierde la petite litanie par laquelle le début del’Apocalypse de saint Jean salue Jésus : « Letémoin fidèle, le premier d’entre les morts, lesouverain des rois de la terre, lui qui nous aimeet nous a délivrés de nos péchés par son sang »(1, 5). Avec les deux témoins du chapitre11 de l’Apocalypse, avec les martyrs d’hier etd’aujourd’hui (en grec, le mot martyr signifietémoin), nous avons à transmettre au monde,à ceux que nous côtoyons en famille, dansnos milieux professionnels et associatifs, laBonne Nouvelle de ce qui nous fait vivre :7

« Ce que nous avons entendu, ce que nous avonscontemplé de nos yeux, ce que nous avons vu etque nos mains ont touché, c’est le Verbe de vie, etnous portons témoignage, nous vous annonçonscette vie éternelle qui était auprès du Père etqui s’est manifestée à nous ». On reconnaît, ences lignes, le commencement de la premièrelettre de saint Jean, cité au début de ma Lettrepastorale (septembre 2008).tout son Mystère pascal de mort et de résurrection ; sa propre Résurrection d’entre lesmorts sera le principe de celle de tous ceuxqui croiront en lui pour la vie éternelle. Lesautres œuvres y conduisent : « J’ai pour moiun témoignage plus grand que celui de Jean : cesont les œuvres que le Père m’a données à accomplir ; ces œuvres, je les fais, et elles témoignentque le Père m’a envoyé. » (36)Au moment où son ami Lazare tombegravement malade, Jésus ne fait rien, volontairement. Il prépare ainsi une œuvre « plusgrande », celle de la résurrection de Lazare,annonciatrice de la sienne : elle sera pour lagloire de Dieu et de son Fils. De fait, Jésus ditclairement à ses disciples : « Lazare est mort,et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause devous, pour que vous croyiez. » (11, 14-15) AvecMarthe, sœur de Lazare, qui entend bien queson frère ressuscitera, mais, pense-t-elle, audernier jour, Jésus se fait insistant : « Moi,je suis la résurrection et la vie. Celui qui croiten moi, même s’il meurt, vivra, et tout hommequi vit et qui croit en moi ne mourra jamais.Crois-tu cela ? » (25-26) Face au tombeau,quand il commande d’enlever la pierre et queMarthe s’inquiète des conséquences aprèsquatre jours, il reprend : « Ne te l’ai-je pas dit ?Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (40)À ce moment clé, Jésus a frémi d’émotion,car il voit venir sa passion, sa propre mort etsa résurrection, tout son Mystère pascal ensomme, son chef-d’œuvre d’amour qui vajusqu’au bout pour son Père et pour nous(cf. 13, 1 et 14, 31).Les Juifs sont mis, avec la résurrection deLazare, au pied du mur de la foi, eux quiLes œuvres de JésusLa parole, l’enseignement, la doctrine de Jésusnous invitent à croire en lui et à ce qu’il nousdit de son Père et de la part de son Père.Ses œuvres – entendons ses guérisons et sesmiracles – ont pour but de confirmer sonenseignement, pour aider à croire. C’est dansle contexte polémique du sabbat que Jésuscommence à parler de l’œuvre de Dieu enréférence à la Création : « Mon Père, jusqu’àmaintenant est toujours à l’œuvre, et moi aussije suis à l’œuvre » (5, 17). Tout ce premiergrand discours de Jésus, du chapitre 5, portesur l’œuvre, par excellence, de Dieu et de sonFils, qui est la Résurrection et la vie : « Amen,amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire delui-même, il fait seulement ce qu’il voit fairepar le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le faitpareillement. Car le Père aime le Fils et luimontre tout ce qu’il fait. Il lui montrera desœuvres encore plus grandes, si bien que vousserez dans l’étonnement. Comme le Père, eneffet, relève les morts et leur donne la vie, le Fils,lui aussi, donne la vie à qui il veut. » (19-21)L’Œuvre ou le chef-d’œuvre de Jésus sera,en effet, dans l’unité active avec le Père,“« L’Œuvre ou le chef-d’œuvre de Jésus sera, en effet,dans l’unité active avec le Père, tout son Mystère pascalde mort et de résurrection. » ( fr. Robert Le Gall)8

“« Un signe est une réalité tangible qui indique autre chose ;il a son existence propre, mais il oriente vers quelque chose d’autre. »( fr. Robert Le Gall)L’Évangiledes « signes »sacramentelsfeignaient de dire : « Combien de temps vas-tunous laisser dans le doute ? Si tu es le Messie,dis-le nous ouvertement. » Jésus répond : « Jevous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvresque je fais au nom de mon Père, voilà ce qui merend témoignage. Mais vous ne croyez pas parceque vous n’êtes pas de mes brebis. » (10, 24-26)La foule, elle, ne s’y trompe pas, au moins àce moment-là : « Elle avait entendu parler dusigne que Jésus avait accompli » (12, 18).Même de ses brebis ou de ses disciples,Jésus n’est pas toujours bien compris. Dansles discours d’adieu, il essaie de leur dire oùil va leur préparer une place : « Ne soyez doncpas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussien moi. » (14, 1-12) C’est alors que Philippelui fait cette demande ardente : « Seigneur,montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Rienne nous paraît plus beau que cette prière ;cependant, elle fait mal à Jésus : s’il est vraique Père et lui sont UN, voir Jésus c’est voirle Père. Jésus semble piqué au vif, au cœur desa personne : « Comment peux-tu dire : Montrenous le Père ? Tu ne crois donc pas que je suis dansle Père et que le Père est en moi ! Les paroles queje vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; maisc’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplitses propres œuvres. Croyez ce que je vous dis : jesuis dans le Père, et le Père est en moi, croyez aumoins à cause des œuvres. Amen, amen, je vous ledis : celui qui croit en moi accomplira les mêmesœuvres que moi. Il en accomplira même de plusgrandes, puisque je pars vers le Père. »Les œuvres vues conduisent à la foi en la personne de Jésus, comme les œuvres accompliesen son nom, procèdent de cette même foi. Cesœuvres ont valeur de signe du vivant de Jésusici-bas, mais aussi après son retour au Père.Les Évangiles synoptiques rapportent l’épisode où Jésus réagit par rapport à la demandeque lui font des scribes et des pharisiens devoir un signe venant de lui : « Cette générationmauvaise et adultère réclame un signe, mais enfait de signe, il ne lui sera donné que celui duprophète Jonas. Car Jonas est resté dans le ventredu monstre marin trois jours et trois nuits ; demême, le Fils de l’homme restera au cœur de laterre trois jours et trois nuits. » (Mt 12, 39-40).Le signe unique que donne Jésus est celui desa passion, de sa mort, de sa mise au tombeauet de sa résurrection, comme il l’annonce partrois fois à ses Apôtres : le chef-d’œuvre del’amour est bien le même que le signe parexcellence, le Mystère pascal.En saint Jean, les « signes » viennent avant« l’Heure » de la Pâque : ils l’annoncentd’abord, mais ensuite l’appliquent dans lavie sacramentelle ; ainsi le quatrième Évangileest-il profondément marqué par les signessacramentels.Comme le mot l’exprime, un signe est uneréalité tangible qui indique autre chose : ila son existence propre, mais il oriente versquelque chose d’autre. En saint Jean, lessignes, comme les œuvres, désignent lesmiracles de Jésus, opérés pour accréditer saparole et manifester son lien avec son Père :nous l’avons montré. « À la vue du signe queJésus avait accompli » (6, 14) en multipliant9

Le changement de l’eau en vin aux noces deCana est une annonce, anticipée par la Mèrede Jésus, de son « Heure » : il est évocateur del’Eucharistie. En tout cas, l’évangéliste estclair sur sa portée : « Tel fut le commencementdes signes que Jésus accomplit. C’était à Canaen Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciplescrurent en lui. » (2, 11) Le lien étroit entrele signe et la foi est d’emblée affirmé. C’està l’occasion d’un mariage, en présence età l’initiative de sa mère, que Jésus pose cepremier signe. Nous voyons combien Jésusétait concrètement présent dans les momentsforts de la vie des gens : il est invité à la noceet il vient. Les Évangiles témoignent du symbolisme des noces pour évoquer le Royaumede Dieu ; au chapitre suivant, Jean Baptisteaffirme que Jésus est l’Époux, le Messie (4,29) ; la fin du livre de l’Apocalypse fait desnoces, de l’attente des noces de l’Agneau,l’ultime révélation des Écritures. Nous avonslà un champ pastoral à privilégier, d’autantplus que nos gouvernements dénaturent lemariage, tandis que les jeunes, malgré lesdifficultés qu’ils constatent, continuent à yvoir la référence qui leur tient le plus à cœur.Le chapitre suivant parle du baptême àpartir de la conversation nocturne avecNicodème. Le notable juif est un hommedroit qui commence par évoquer les signesopérés par Jésus, signes connus au-delà del’eau changée en vin, si l’on se souvient dela fin du chapitre 2 : « Pendant qu’il était àJérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoupcrurent en lui, à la vue des signes qu’il accomplissait. » Mais, ajoute l’évangéliste, « Jésus n’avaitpas confiance en eux » (2, 23-24). Ces signespourtant, comme nous l’avons vu, précédemment, posent question à Nicodème : « Rabbi,nous le savons bien, c’est de la part de Dieu quetu es venu nous instruire, car aucun hommene peut accomplir les signes que tu accomplis siDieu n’est pas avec lui. » (3, 2) Il a compris, etd’autres avec lui, que les signes sont faits pouraccréditer un enseignement, comme Jésus vales pains et les poissons, les gens veulent fairede lui leur roi, avec toute l’ambiguïté que celareprésente pour les Juifs en ce moment de leurhistoire. La réflexion de Jésus prend alors toutson sens : « Vous me cherchez, non parce quevous avez vu des signes, mais parce que vous avezmangé du pain et que vous avez été rassasiés. » Lesgens se sont arrêtés au miracle, à sa matérialité,et non à la signification qu’il avait pour Jésus,celle qu’il développe tout au long du chapitre 6sur le pain de vie : son corps et son sang, donnéspour la vie du monde, en vraie nourriture pournous, anticipation pour saint Jean de l’institution pascale de l’Eucharistie. « Quel signe, quelleœuvre vas-tu faire ? », insistent les Juifs qui neveulent pas comprendre (6, 30), alors que Jésusles oriente vers le pain qui est son corps.Il faut voir pour croire, au sens où il fautsavoir regarder le signe pour aller vers le signifié.C’est l’expérience que fait l’évangéliste luimême face au tombeau vide : « Il vit et il crut. »« Jusque-là, en effet – continue le texte – lesdisciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture,il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »(20, 8-9) Dès le premier chapitre, Jésus inviteses premiers disciples à voir dans la plus grandedimension, comme il le fait pour Nathanaël :« Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pourcela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandesencore. » Jésus ajoute : « Amen, amen, je vous ledis : vous verrez les cieux ouverts, avec les angesde Dieu qui montent et descendent au-dessus duFils de l’homme. » (1, 50-51)Comment apprendre à voir et à regarder,pour discerner, en Église, les signes des temps,ce que le Synode sur la nouvelle évangélisationnous aide à faire ainsi que l’Année de la foi ? Lelivre des signes, en saint Jean, qui aboutit auSigne du tombeau vide nous ouvre les yeuxet c’est bien le but de cette Lettre pastorale.Essayons de voir comment les signes du quatrième Évangile nous aident à regarder ce qui sepasse aujourd’hui, à en partir pour aller au-delà,pour découvrir un sens, une direction auxquelsla foi nous ouvre.10

le faire précisément. Il faut renaître pour voirle règne de Dieu, renaître du souffle de Dieu,qui est son Esprit, avec l’image du vent et desa liberté.Il nous faut donc « naître du souffle del’Esprit » (cf. 3, 8), ce que seul Jésus peutnous apporter. Dès le premier chapitre, JeanBaptiste reçoit un signe à ce sujet : « Celuiqui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :“L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendreet demeurer, c’est celui-là qui baptise dansl’Esprit Saint”. » (1, 32-33) De fait, il a vu l’Esprit descendre sur Jésus, lors de son baptême,comme une colombe. Voilà donc un signe,donné au Baptiste et à nous, pour reconnaîtrecelui qui agit, par son Esprit, dans les signessacramentels.Continuons notre lecture, confortés par cesigne vivant et inspirant de la colombe. Nousavons déjà évoqué la Samaritaine du chapitre4 et la promesse que Jésus lui fait de lui donnerune eau vive, « source jaillissante pour la vieéternelle » (4, 14-24). Il fait le lien entre l’eauet l’Esprit en ajoutant : « Dieu est esprit, etceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ilsdoivent l’adorer. »Sans l’Esprit, l’eau n’est pas très utile,comme nous le voyons dans la guérison duparalysé, couché près de la piscine de la portede Bézatha, c’est la parole et l’œuvre de Jésusqui suffisent à le mettre debout. « Te voilà enbonne santé. Ne pèche plus, il pourrait t’arriverpire encore. » (5, 14) Comme le montre, eneffet, la guérison d’un autre paralysé, dansles Évangiles synoptiques, le plus importantest le pardon des péchés (cf. Mt 9, 5-6), quifait passer de la mort à la vie ; ce que Jésus“développe dans son grand discours de cechapitre 5. Le miracle physique conduit aumystère du pardon, œuvre propre du Fils à quile Père a donné la vie, pour qu’il la donne à quiil veut (cf. 5, 21). Nous voyons, ici, apparaîtreun lien étroit entre ce qui sera le sacrement desmalades et celui de la réconciliation ; l’un etl’autre étant orientés ve

de connaissance qui caractérise l'amour : c'est une écoute personnelle, qui distingue la voix et reconnaît celle du Bon Pasteur (cf. Jn 10, 3-5) ; une écoute qui requiert la sequela, comme cela se passe avec les premiers disciples qui, « entendirent ses paroles et suivi-rent Jésus » (Jn 1, 37). D'autre part, la foi est liée aussi à la vision. Parfois, la vision des signes de .

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