R ßexions Sur La Promotion De La Sant Mentale Des .

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Source: iStockÉCRIT PAR LE CENTRE DE COLLABORATIONNATIONALE DE LA SANTÉ AUTOCHTONERéflexions sur la promotion de la santé mentale des populationschez les enfants et les jeunes autochtones au CanadaLe présent document fait partie d’une série produite par les six Centres de collaboration nationaleen santé publique afin d’encourager la promotion de la santé mentale chez les enfants et les jeunesdans le cadre d’une pratique solide et intégrée en santé publique. La série offre au secteur de lasanté publique de nombreux points d’entrée pour collaborer avec d’autres parties intéressées afinde favoriser une action fondée sur des données probantes qui agira sur les déterminants du mieuxêtre mental de l’ensemble des enfants et des jeunes du Canada.Le présent document vise à améliorer la compréhension des questions de santé mentale desAutochtones au Canada et à démontrer comment certains déterminants contribuent à un risque accrude maladie mentale ou, au contraire, agissent comme des facteurs de protection d’une bonne santémentale. Les explications concernant la méthode et les mots-clés qui ont servi pour la recherche setrouvent dans le document d’introduction intitulé Promotion de la santé mentale des populations chezles enfants et les jeunes – une série destinée aux acteurs de la santé publique du Canada.CONCEPTS AUTOCHTONESEN SANTÉ MENTALEOn reconnaît de plus en plus qu’une bonne santé mentale dépassela simple absence de problèmes de santé mentale ou de maladiesmentales. C’est plutôt « un état de bien-être qui permet à chacunde réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales dela vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’êtreen mesure d’apporter une contribution à la communauté »(Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2016, par. 1). Lesconcepts autochtones1 de santé mentale et du bien-être vont1En anglais, les termes « Autochtones » et « Aborigènes » sontutilisés dans ce document pour signifier les premiers habitants duCanada et leurs descendants, y compris les Premières Nations,(les Indiens dans la Constitution canadienne) les Inuits et lesMétis, selon la définition de ces peuples dans le paragraphe 35(2)de la Constitution canadienne de 1982. (NDT : en français lesdeux termes se traduisent par Autochtones dans la terminologieofficielle; il est donc impossible de rendre ce paragraphe).Dans la mesure du possible, on fera mention de groupesautochtones spécifiques. Pour en savoir plus sur la façon dontles peuples autochtones sont définis à l’intérieur du Canada,veuillez-vous reporter à ningIndigenousPeoplesWithinCanada.pdf.Pour télécharger les documents de cette série, visitez le CCNSP.CARÉFLEXIONS SUR LA PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONSCHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES AUTOCHTONES AU CANADA1

communauté s’inscrivent dans la création et une histoire riche »(Santé Canada et l’Assemblée des Premières Nations, 2015, sansnuméro de page).« La promotion de la santé mentale passe par des actionstendant à créer des conditions de vie et un environnementqui favorisent la santé mentale et permettent d’adopter et deconserver un mode de vie sain. Il existe ainsi un large éventailde mesures visant à augmenter la probabilité de voir plus degens jouir d’une bonne santé mentale. » (OMS, 2016, par. 7; voiraussi Commission de la santé mentale du Canada [CSMC], 2012).Dans la population, la promotion de la santé mentale reposesur des stratégies intersectorielles dans divers environnements,notamment la maison, l’école, le lieu de travail et lacommunauté, par l’intermédiaire de programmes, de politiqueset d’autres interventions qui favorisent la santé pour tous, ainsique pour ceux plus à risque, comme les enfants et les jeunes.Non seulement un développement émotionnel et social sain dansla petite enfance et l’adolescence établit les bases d’une bonnesanté mentale à l’âge adulte, mais il a été en plus démontré quecela aide à réduire la demande de services en santé mentale etd’autres services en dehors du secteur de la santé (Chef de la santépublique, 2009; CSMC, 2012; Centres de collaboration nationaleSource: aboriginalimages.caau-delà de cette définition pour inclure des manières holistiqueset relationnelles d’apprendre et d’être dans le monde. Unebonne santé est généralement comprise comme un équilibreentre la santé mentale, physique, spirituelle et émotionnelle dela personne et la capacité de vivre en harmonie avec la famille,la communauté, la nature et l’environnement (King, Smith etGracey, 2009; Vukic, Gregory, Martin-Misener et Etowa, 2011).Pour les Inuits, le bien-être mental est défini comme l’estime desoi et la dignité personnelle découlant d’un bien-être harmonieuxphysique, émotif, mental et spirituel et de l’identité culturelle(Inuit Tapiriit Kanatami [ITK], 2014). Le Cadre du continuumdu mieux-être mental des Premières Nations suggère qu’il y a« renforcement de cet équilibre chez les individus qui ont unbut dans leur vie quotidienne, que ce but passe par l’éducation,l’emploi, la prestation de soins, ou une façon d’être et de faireancrée dans la culture; qui entretiennent à l’égard de leur aveniret de celui de leur famille un espoir découlant de leur volonté devivre leur vie en se fondant sur la connaissance de soi des valeursautochtones uniques et une croyance en l’esprit; qui éprouventun sentiment d’appartenance et d’attachement relativement àleur famille, à leur communauté et à leur culture; et qui ont lesentiment que la vie a un sens et qui comprennent de quellefaçon leur vie et celles des membres de leur famille et de leur2PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONS CHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES UNE SÉRIE DESTINÉE AUX ACTEURS DE LA SANTÉ PUBLIQUE AU CANADA

en santé publique [CCNSP], 2017). Pour les enfants et les jeunesautochtones au Canada, affectés de manière disproportionnéepar le poids d’une mauvaise santé par rapport à leurs homologuesnon autochtones, l’accès à des services et à des programmes depromotion de la santé mentale ancrés dans leur culture, axés surles forces, centrés sur la famille et la collectivité est essentiel aubien-être mental et à la résilience plus tard dans la vie.DÉFINITION DES LIENS ENTRELA PROMOTION DE LA SANTÉMENTALE ET LES ENFANTS ETLES JEUNES AUTOCHTONESDonnées démographiquesLes peuples autochtones constituent le segment de populationle plus jeune et en plus forte croissance au Canada. En 2011, lapopulation autochtone atteignait 1,4 million de personnes (4,3 %de la population totale du Canada), soit une augmentationde 20,1 % depuis le recensement de 2006 (Statistique Canada,2013). Les enfants autochtones de 14 ans et moins représentent28 % du total de la population autochtone (comparativementà 16,5 % dans la population non autochtone), tandis que latranche d’âge de 15 à 24 ans représente 18,2 % de la populationautochtone totale (mais 12,9 % de l’ensemble de la populationnon autochtone). Les Inuits sont les plus jeunes des trois groupesautochtones, avec un âge médian de 23 ans, suivi des PremièresNations, avec un âge médian de 26 ans, et des Métis, avec un âgemédian de 31 ans (Statistique Canada, 2013).Limites des donnéesL’utilité et la fiabilité des données sur la santé des enfants et desadolescents autochtones au Canada sont limitées par le manquede qualité des données et les lacunes dans leur couverture, lemanque d’indicateurs en santé qui soient adaptés du point devue culturel, et les obstacles de compétence administrativerelatifs au statut des populations autochtones et à leurrépartition géographique (Centre de collaboration nationale dela santé autochtone [CCNSA], 2009; Smylie, 2009a). McShane,Smylie et Adomako (2009) ont noté qu’il existe des lacunesimportantes dans l’information disponible sur la santé desenfants autochtones au Canada, y compris les données d’étatcivil et l’accès aux soins de santé des données, les taux deprévalence de l’obésité, du diabète, du cancer et des problèmesde santé mentale, et les données spécifiques aux enfants Métiset des Premières Nations vivant hors réserve. On a égalementnoté l’accent mis sur les maladies observées chez les enfantsautochtones et leurs conséquences plutôt que sur les mesuresde prévention des maladies et de promotion du bien-être. Dansun récent examen de la recherche sur la santé de la jeunesseautochtone au Canada, Ning et Wilson (2012) ont constaté desécarts similaires à la fois dans la représentation géographiqueet démographique, avec un manque de recherche sur les jeunesdans les provinces des Prairies et de l’Atlantique et dans lesterritoires du Nord, ainsi qu’une sous-représentation marquéede la recherche sur la santé des jeunes autochtones en milieuurbain et des Métis. Malgré ces défis, il est clair que les enfantset les jeunes autochtones connaissent d’importantes disparitésdans les domaines social et de la santé, avec des taux plus élevésde blessures, de mortalité infantile, de suicide et de maladieschroniques et infectieuses (Greenwood et de Leeuw, 2012;McShane et coll., 2009; UNICEF Canada, 2009).La situation au regard de la santémentaleLes enfantsLes données spécifiques sur la santé mentale des enfants auCanada sont très limitées (Kirmayer, Brass et Tait, 2009). Laphase 2 (2008-2010) de l’Enquête régionale sur la santé desPremières Nations (ERS) a constaté que 14,1 % des prestatairesde soins primaires des enfants des Premières Nations de 3 à 11ans vivant dans une réserve ont déclaré que leurs enfants avaientsouffert de plus de problèmes affectifs ou comportementaux aucours des six derniers mois précédents que les autres garçonset filles du même âge (Centre de gouvernance de l’informationdes Premières Nations [CGIPN], 2012). L’enquête a égalementrévélé qu’une plus grande proportion de garçons que de fillesdes Premières Nations avaient reçu un diagnostic d’anxiété oude dépression (0,9 % contre 0,4 %), et que la prévalence étaitplus élevée chez les enfants plus âgés des Premières Nations parrapport aux plus jeunes enfants (CGIPN, 2012). Il n’existe pas dedonnées de santé mentale similaires pour les enfants Inuit, Métiset des Premières Nations vivant hors réserve.Les jeunesÀ propos des jeunes des Premières Nations, l’Enquête de 2012auprès des peuples autochtones montrait que 61 % des jeunesde 15 à 24 ans vivant hors réserve avaient déclaré avoir unesanté mentale excellente ou très bonne (Statistique Canada,2016 a). De même, les résultats de l’Enquête régionale surla santé des Premières Nations (2008-2010) indiquaientRÉFLEXIONS SUR LA PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONSCHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES AUTOCHTONES AU CANADA3

Taux de suicideLes taux de suicide varient considérablement entre lescollectivités autochtones du Canada. Selon celles-ci, on constatel’absence totale de suicides, des taux faibles ou comparables àceux de la population générale et des taux de suicide élevés, bienau-dessus de la moyenne nationale (Kirmayer et coll., 2007, 2009;Chandler et Lalonde, 1998, 2008). Les taux de suicide sont de 5à 7 fois plus élevés pour les jeunes des Premières Nations vivantdans les réserves (Kielland et Simeone, 2014; Agence de la santépublique du Canada [ASPC], 2006) et de 5 à 25 fois plus élevéspour les jeunes inuits par rapport à la moyenne nationale (ITK,2016). Il n’existe pas de données nationales comparables pour lesjeunes Métis. Si les taux de suicide constatés chez les hommesde 14 à 24 ans ont toujours été plus élevés, récemment on acommencé à voir une augmentation chez les femmes (Fraser,Geoffroy, Chachamovich et Kirmayer, 2015; Kirmayer, 2012).Source: cattroll.comqu’environ 64,8 % des jeunes des Premières Nations vivantdans les réserves estimaient que leur santé mentale était trèsbonne ou excellente, avec seulement 0,8 % des répondantsmentionnant qu’elle était mauvaise; aucune différence n’a étéobservée entre les sexes (CGIPN, 2012). Cependant, environ33,8 % des femmes et 17,2 % des hommes des PremièresNations vivant dans les réserves avaient déclaré avoir connudes périodes de deux semaines consécutives ou plus au coursdes 12 derniers mois pendant lesquelles ils se sentaient tristes,mélancoliques ou déprimés (CGIPN, 2012). Une proportionplus élevée de jeunes des Premières Nations souffrant d’aumoins un problème médical déclaraient aussi se sentir tristes,mélancoliques ou déprimés (31,6 %), avaient des penséessuicidaires (23 %) ou avaient fait des tentatives de suicide(8,1 %) par rapport aux jeunes sans problème médical(CGIPN, 2012).4PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONS CHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES UNE SÉRIE DESTINÉE AUX ACTEURS DE LA SANTÉ PUBLIQUE AU CANADA

Lacunes dans les connaissancesAu vu des lacunes dans les connaissances, il est clair qu’ilfaut faire davantage de recherche spécifique sur les enfants etles jeunes inuits, métis et des Premières nations vivant horsréserve, en vue d’élaborer des politiques, des interventions etdes programmes réactifs. Une meilleure compréhension desdifférences entre les sexes dans les questions de santé mentaledes jeunes des Premières Nations, inuits et métis est égalementnécessaire, en particulier pendant leur transition à l’âge adulte,période pendant laquelle on a trouvé de grandes différencesdans l’état de la santé mentale entre les groupes2. Il existe deslacunes importantes en matière de connaissances liées à lasanté mentale parmi les jeunes et les enfants LGBTQ2S, alorsqu’ils sont davantage susceptibles de connaître des problèmesde santé mentale comme la dépression et l’anxiété et qu’ils fontsouvent face à des obstacles supplémentaires dans l’accès auxEn 2012, environ 56 % des femmes des Premières Nations de 18ans et plus vivant hors réserve déclaraient être en excellente ouen bonne santé mentale, comparativement à 64 % des hommes.On note moins de différences dans l’état de bien-être mentalentre les femmes et les hommes Métis (61 % contre 68 %), etpeu de différence entre les femmes et les hommes inuits (51 %)(Statistique Canada, 2016 b).Malgré les lacunes des données existantes, les défis et lespoints positifs en matière de santé mentale peuvent varierconsidérablement entre les différentes communautés autochtoneset d’une personne à l’autre (Boksa, Joober et Kirmayer, 2015). Unetelle variation reflète le caractère distinct des Premières Nations,des Inuits et des Métis, de leur histoire, de leurs langues et deleurs cultures, des environnements, de leurs croyances et deleurs visions du monde par rapport à la santé. Une telle variationsouligne également les façons dont les déterminants de lasanté s’entrecroisent et se manifestent au cours de la vie et surplusieurs générations quant à l’influence qu’ils exercent sur lesfacteurs de risque et de protection (Statistique Canada, 2016a;Loppie et Wien, 2009).Source: cattroll.com2programmes et services (Hunt, 2016). Enfin, bien qu’il y ait deplus en plus de preuves de l’impact laissé par les pensionnatset d’autres politiques coloniales, d’une génération à l’autre,sur la santé mentale, d’autres recherches sont nécessaires pourcomprendre les effets négatifs cumulatifs et l’adversité en cours(Bombay, Matheson et Anisman, 2009; Kirmayer, Sheiner etGeoffroy, 2016).RÉFLEXIONS SUR LA PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONSCHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES AUTOCHTONES AU CANADA5

DÉTERMINANTS ET FACTEURSDE PROTECTION DE LA SANTÉMENTALE ET DU BIEN-ÊTRE DESAUTOCHTONESLa santé mentale et le bien-être sont façonnés dans une largemesure par les déterminants sociaux de la santé (DSS) sousjacents qui créent des inégalités le long d’un gradient socialoù les pauvres et les personnes défavorisées souffrent de façondisproportionnée (Allen, Balfour, Bell et Marmot, 2014). Larelation entre les inégalités de santé et les déterminants sociauxtels que la pauvreté, les logements surpeuplés et insalubres,l’insécurité alimentaire, l’exclusion sociale et économique, etl’insuffisance des services de santé est bien documentée (ITK,2014; King et coll., 2009; Loppie et Wien, 2009; Smylie, 2009b).Cependant, pour bien comprendre les inégalités persistantes enmatière de santé des peuples autochtones au Canada et partoutau monde, il faut regarder au-delà des DSS connus pour tenircompte d’autres déterminants moins « sociaux » comme lalangue, la culture, la spiritualité, la répartition géographique,les relations à la terre, l’autodétermination et les systèmes deconnaissances (Greenwood, de Leeuw, Lindsay et Reading, 2015).En dépassant les seuls déterminants sociaux, le savoir et les façonsd’être autochtones deviennent à juste titre, le « cadre de référencepour comprendre les réalités actuelles de la santé dans lescommunautés autochtones » (traduction libre) (Greenwood et coll.,2015, p. xii). Dans une telle perspective, le colonialisme est vucomme le déterminant de la santé le plus fondamental et le pluslarge et qui reste une « force active et continue » dans la vie despeuples autochtones (traduction libre) (Greenwood et coll, 2015).Facteurs de protectionLes facteurs de protection sont des attributs ou des conditionsau niveau de l’individu, de la famille, de la communauté oude la société, qui peuvent favoriser la résilience et réduireles facteurs de risque associés à une mauvaise santé mentale(CSMC, 2012; CCNSP, 2017). Un examen récent des facteursde protection et les mécanismes de causalité qui améliorent larésistance parmi les jeunes des régions arctiques a trouvé plus de40 facteurs de protection, beaucoup d’entre eux se recoupant auxniveaux de la collectivité, de la famille et de l’individu et étantdirectement associés à d’autres facteurs de protection (PetrasekMacDonald, Ford, Cunsolo Willox et Ross, 2013). Par exemple,aller à la chasse et passer du temps dehors sur le terrain sont desactivités permettant de promouvoir les facteurs de protectionindividuels comme l’autonomie et la confiance en soi, mais celapeut également offrir des occasions de participer à la collectivité,6de bénéficier du mentorat des plus vieilles générations etd’établir des relations entre les membres de la famille et dela collectivité (Petrasek MacDonald et coll., 2013). Au niveaucommunautaire, la continuité culturelle est aussi vue commeun facteur de protection. Lors d’une étude sur les variationsdu taux de suicide dans les collectivités des Premières Nationsen Colombie-Britannique, Chandler et Lalonde (1998, 2008)ont trouvé une forte corrélation entre les facteurs de continuitéculturelle, comme l’autonomie gouvernementale, la participationdans les revendications territoriales, le contrôle de la bande surl’éducation, les services de santé, des incendies et de police, laprésence d’équipements culturels, et les taux de suicide constatéschez les jeunes. D’autres importants facteurs de continuitéculturelle comprennent la participation des femmes dans lesconseils de bande, le contrôle sur les services de protection del’enfance et la connaissance des langues autochtones (Chandler etLalonde, 2008; Kielland et Simeone, 2014).EXEMPLES D’INTERVENTIONLes pratiques prometteuses en matière d’interventions enpromotion de la santé chez les peuples autochtones au Canadapartagent de nombreux points communs, dont l’intégration deséléments suivants :R5 Les concepts autochtones tels que l’holisme, la réciprocité etla pluralité;R5 Les contextes autochtones, notamment la reconnaissancedes inégalités et de l’oppression coloniale;R5 Les processus autochtones tels que le contrôle de lacommunauté, l’engagement communautaire, la réactivitéculturelle et le renforcement des capacités (Reading etReading (2012).Le nouveau Cadre du continuum du mieux-être mental des PremièresNations, élaboré conjointement par l’Assemblée des PremièresNations (APN) et Santé Canada, et la Stratégie nationale deprévention du suicide des Inuits Inuit Tapiriit Kanatami (ITK)offrent tous les deux des approches relationnelles et holistiquesau bien-être mental ancrées dans ces contextes, concepts etprocessus. La culture est au cœur de chaque stratégie, y comprisle rôle important des langues autochtones, de l’identité et dessavoirs dans la réalisation du bien-être pour toute la durée dela vie. De la même façon que le document de la Commissionde la santé mentale du Canada Changer les orientations, changerdes vies : stratégie en matière de santé mentale au Canada (2012)les recommandations d’actions (Strategic Direction 5.1 à 5.4), lesstratégies AFN et l’ITK demandent un continuum coordonnéPROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONS CHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES UNE SÉRIE DESTINÉE AUX ACTEURS DE LA SANTÉ PUBLIQUE AU CANADA

de services et d’appuis sûrs et adaptés culturellement pour lasanté mentale, par et pour les peuples autochtones, afin d’aborderles questions de juridiction, de financement et de dispersiongéographique.R5 Makimautiksat Youth Wellness and Empowerment estun programme communautaire de 10 jours sur les terres,basé sur le modèle Eight Ujarit /Rocks et qui donne auxjeunes inuits les compétences et les connaissances dont ils ontbesoin pour construire leur vie. Les modules fondés sur desdonnées probantes mettent l’accent sur le renforcement dela capacité d’adaptation; Inuuqatigiitiarniq (être respectueuxdes autres) pour construire des rapports harmonieux et sains;Timiga (mon corps) pour favoriser la prise de consciencedu corps, du mouvement et de la nutrition; Sananiq, créerde ses mains et explorer la créativité; Nunalivut (notrecommunauté) pour promouvoir l’épanouissement personnelet celui de la communauté; Saqqatujuq (horizon lointain)pour la découverte de soi et la planification de l’avenir;comprendre comment faire un choix éclairé et la pressiondes pairs; Avatittinik Kamatsiarniq (gardiens de la terre)pour connecter les connaissances et les compétences sur leterrain (Healey, Noé et Mearns, 2016, p. 7). Avec le soutien descentres s’occupant du bien-être des jeunes, le modèle a étéexpérimenté de 2011 à 2013 sous la forme d’un camp de deuxsemaines dans cinq collectivités : Cambridge Bay, Arviat,Coral Harbour, Iqaluit et Panniqtuuq.Source: iStockSelon la littérature, les caractéristiques clés des initiatives ayantun potentiel de succès en promotion de la santé mentale chez lesenfants et les jeunes autochtones sont les suivantes : elles adoptentune approche globale, elles sont centrées sur la communautéet sont intégrées par celle-ci; elles renforcent les capacités etle leadership; elles insistent sur les forces et la résilience; elless’attaquent aux déterminants de la santé sous-jacents; ellesmettent un accent sur les facteurs de protection et de résilience;elles incorporent les valeurs, les savoirs et les pratiques culturellesautochtones et font participer de façon significative les enfants,les jeunes, les familles et la communauté (Gray, Richer et Harper,2016; Kirmayer et coll., 2016; Smye et Mussell, 2001; SystemsImprovement through Service Collaboratives, 2012; Vukic et coll.,2011; Wortzman, 2009). Il existe une myriade d’interventionsinnovatrices, adaptées culturellement pour la promotion de lasanté mentale des enfants et des jeunes autochtones qui sontmises en œuvre dans les régions rurales, éloignées et dans lesenvironnements urbains dans tout le Canada.Exemples d’intervention en milieux familial, scolaire,communautaire et sur les terres :RÉFLEXIONS SUR LA PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONSCHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES AUTOCHTONES AU CANADA7

R5 Le programme de promotion de l’autonomie fonctionnelledans la jeunesse autochtone (PLAY) est un programmede partenariat avec 88 communautés des Premières Nationset organisations autochtones urbaines partout au Canadapour offrir des programmes sûrs, amusants et éducatifs pourles enfants et les jeunes autochtones (Right to Play, 2016).Le programme, mis en place en 2010, vise à améliorer lesrésultats scolaires et les relations entre pairs, à accroîtrel’employabilité et à améliorer la santé physique et mentaledes enfants et des jeunes autochtones grâce à des activitéshebdomadaires. Les activités varient selon les communautés,mais peuvent inclure des programmes parascolaires, desprogrammes de leadership chez les jeunes, des programmesde prévention du diabète, de promotion du sport comme outilde développement, des camps d’été, des ligues de baseball,des ateliers sur l’autonomisation (empowerment) des femmeset des cliniques du sport (hockey, soccer, crosse, basket-ball).R5 Listening to One Another (L’écoute de l’autre) est unprogramme de promotion de la santé mentale des jeunesautochtones de 10 à 14 ans et leurs parents, reposant surla famille et la culture. Financé par l’Agence de la santépublique du Canada, le programme est une collaborationentre les collectivités des Premières Nations en ColombieBritannique, au Manitoba, en Ontario et au Québec etdes chercheurs de l’Université McGill, de l’Universitéde Lincoln, au Nebraska et de l’Université du Manitoba.Le programme est offert sur 14 semaines par session de2,5 heures et offre aux participants une série d’activités surl’histoire de la communauté et la fierté culturelle, sur lacommunication entre les membres de la famille et les pairs,sur les compétences de résolution de problèmes, sur la penséecritique et le contrôle des émotions, sur l’intimidation, ladiscrimination, les problèmes de toxicomanie, et d’autresthèmes. Les communautés sont impliquées dans toutes lesétapes du programme, de l’adaptation des ressources et durecrutement des participants à l’exécution et l’évaluation. Ceprogramme est actuellement offert avec l’aide de personnelautochtone dans les organismes de santé régionaux (Kirmayeret coll., 2016).8RÔLES DE LA SANTÉ PUBLIQUELes praticiens de la santé publique et les décideurs politiquespeuvent soutenir et promouvoir le bien-être mental despopulations autochtones, s’attaquer aux déterminants de lasanté sous-jacents et contribuer à l’ensemble du processus deréconciliation au Canada, d’un certain nombre de façons :R5 Parler aux peuples autochtones pour en savoir plus sur leursdivers points de vue sur le bien-être mental (Boksa, et coll.,2015) et reconnaître que les cultures autochtones et unecompréhension holistique du monde peuvent beaucoupcontribuer à la transformation du système de santé mentaledu Canada (CSMC, 2012).R5 Connaître et comprendre le contexte social et culturel uniquedes communautés autochtones, leur héritage historique etles défis actuels qui ont un impact sur la santé mentale danscertaines communautés autochtones (Boksa, et coll., 2015).R5 S’engager à fournir des soins adaptés d’un point de vueculturel afin de contrer les déséquilibres de pouvoir, instaurerla confiance et former des relations durables avec les patientset les communautés. Prendre un cours de formation sur lasécurité culturelle est un bon point de départ pour cetteactivité d’apprentissage tout au long de la vie (Groupe detravail sur la santé des Autochtones, 2016).R5 « Témoigner de la réalité de l’histoire et reconnaître queles effets se font encore profondément sentir aujourd’hui »[Notre traduction] (Boksa et coll., 2015). Par exemple,vous pouvez témoigner en lisant le rapport Honorer lavérité, réconcilier pour l’avenir : résumé du rapport final de laCommission de vérité et réconciliation du Canada et en faisantmontre de solidarité en participant à la campagne « Ça metient à cœur » (Smylie, 2015).R5 « Fournir des services de santé mentale par des moyensadaptés culturellement et travailler respectueusement dans lescadres autochtones de bien-être mental » [Notre traduction](Boksa et coll., 2015, p. 365), par exemple, en se familiarisantavec les cadres nationaux de santé mentale des Autochtones(Santé Canada et Assemblée des Premières nations, 2015; ITK,2016), ainsi qu’avec les cadres autochtones élaborés auxniveaux provincial et territorial.R5 Diffuser et partager la connaissance sur des approchestraditionnelles, culturelles et habituelles en matière de bienêtre mental comme les équipes de mieux-être mental et laprise en compte du rôle des aînés (CSMC, 2012).PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONS CHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES UNE SÉRIE DESTINÉE AUX ACTEURS DE LA SANTÉ PUBLIQUE AU CANADA

R5 Reconnaître que l’efficacité des programmes de santé mentaledans les communautés autochtones passe par la connaissancedes pratiques autochtones locales (Boksa, et coll., 2015;Kirmayer et coll., 2016).R5 Collaborer avec les guérisseurs traditionnels et les détenteursde savoirs dans l’élaboration d’initiatives de promotion de lasanté mentale de façon respectueuse (Boksa et coll., 2015).R5 Envisager des façons dont vous pouvez aider lescommunautés autochtones en leur fournissant un meilleuraccès aux services de santé, de préférence au sein de lacommunauté elle-même (Boksa et coll., 2015).R5 Appuyer les travailleurs en bien-être mental des autochtonesdans leurs efforts pour naviguer dans les services de santémentale et collaborer avec eux, et appuyer la formation desjeunes professionnels de la santé autochtone (Boksa et coll.,2015).R5 Défendre l’équité en santé autochtone par l’établissementde partenariats et la collaboration avec les organisationsautochtones à travers le Canada (Groupe de travail sur la santédes Autochtones, 2016).Les praticiens de la santé publique et les décideurs politiquespeuvent également se référer aux 94 appels à l’action en vue de« résoudre la question des séquelles laissées par les pensionnatsindiens et de faire avancer le processus de réconciliationnationale canadienne » [Notre traduction] publiés en 2015par la Commission de vérité et réconciliation du Canada(CVR, 2015, p. 5). Plusieurs personnes ont parlé directementde la santé et du bien-être des peuples autochtones, et ont lancédes appels au gouvernement fédéral ainsi qu’aux gouvernementsprovinciaux, territoriaux et autochtones, aux écoles de médecineet de soins infirmiers, et au système de soins de santé pour agirde la manière suivante :R5 établir des objectifs quantifiables pour cerner et comblerles écarts dans les résultats en matière de santé (.) et depublier des rapports d’étape annuels et évaluer les tendancesà long terme sur des indicateurs

2 PR OMOTION DE LA SANT MENTALE DES POPULATIONS CHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES - UNE S R IE DESTIN E AUX ACTEU R S DE LA SANT PUBLIQUE AU C ANADA au-del de cette d "nition pour inclure des mani res holistiqu

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