Yves Coppens - Psycha Analyse

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Yves CoppensQuatre proverbespour raconter le mondeYves Coppens est professeur au Collège deFrance, il tient la chaire depaléoanthropologie et de préhistoire.Co-découvreur de Lucy, l’australopithèque actuellement la plus célèbre de notre galerie d’ancêtres, il estresté, malgré les honneurs et les responsabilités, un esprit libre avec quitoute discussion demeure ouverte,conviviale, exempte de tabou. Pourlui, l’homme, « matière pensante »brusquement surgie il y a environtrois millions d’années, ne saurait êtrele fruit du hasard. Son règne a un sens,mais lequel ?

InterviewPropos recueillis par Patrice Van EerselPatrice Van Eersel : L’un de vosderniers livres, Le Genou de Lucy, estponctué par quatre proverbes venusde quatre cultures différentes et écritsdans leurs langues d’origine. Seriezvous d’accord pour utiliser ces quatreproverbes comme une trame à notreentretien ?Yves Coppens : Pourquoi pas ?Allons-y !Patrice Van Eersel : Votre premierproverbe vient de l’Empire du Milieu. Ildit : « Quand il n’y a plus d’arbres, il n’ya plus de singes. »Yves Coppens : J’ai entendu cettephrase la première fois dans la bouched’un jeune Chinois qui tenait un petitrestaurant, rue des Carmes. Trouvantça formidable, je lui ai demandé de mel’écrire dans sa langue. Sa femme l’aaidé, mais il hésitait. Plus tard, comme jeJusque-là,nous étionsdes singes,adaptés à la forêttravaille souvent à Pékin, j’ai pu obtenir leproverbe dans sa forme correcte. S’il meplaît tant, c’est qu’il illustre l’une des idéesauxquelles je tiens le plus : je pense quec’est la Rift Valley de l’Est-africain, avecson effondrement et sa poussée de montagne, qui est à l’origine de l’humanité.Jusque-là, c’était la forêt. Brusquement,un obstacle géologique a surgi, qui aempêché la pluie de tomber au-delàd’une certaine ligne nord-sud. L’Afriqueorientale a vu décliner ses arbres géants,qui ont été remplacés par une savane.C’est probablement pour s’adapter àcette savane, il y a huit millions d’années, qu’est apparue la branche despré-humains, qui se sont redressés surleurs pattes arrières. Jusque-là, nousétions des singes, adaptés à la forêt. Laforêt a disparu et nous sommes devenus,potentiellement, des hommes.La vallée du RiftLa vallée du grand rift est un élément géologique majeur, qui s’étend du sud de la Mer Rouge(au nord) au Zambèze (au sud) sur plus de 9500 km de longueur, 40 à 60 km de largeur etquelques centaines à quelques milliers de mètres de profondeur. Cette vallée est aussi surnommée le « berceau de l’humanité » car de nombreux fossiles d’Hominidés et de nombreux vestiges archéologiques très anciens y ont été découverts. Une théorie concernant l’apparition dela lignée humaine fait jouer un rôle de premier plan à la formation du Rift. Connue sous le nomd’East Side Story, elle a été proposée par A. Kortlandt puis popularisée par Yves Coppens.Patrice Van Eersel : Interprétationoptimiste ! Un écologiste entendraitdans ce proverbe chinois que nul nepeut exister s’il détruit son environnement Yves Coppens : Il est certain quequand on comprend, par exemple, lesinteractions entre biomes ou entre espèces, on les protège mieux. Mais leshommes se débrouillent pour s’adapterà toutes les situations.Patrice Van Eersel : Comment nousadaptons-nous ? La théorie darwinienne de l’évolution ne dit-elle pas qu’audépart les mutations se font complètement par hasard ?Yves Coppens : Je n’en suis pas sisûr. Il y a un va-et-vient entre nos gèneset l’environnement.Patrice Van Eersel : Vous necroyez tout de même pas, commeLamarck au XIXe siècle, que si lesgirafes ont des longs cous, c’est parcequ’à force de vouloir brouter le sommet des arbres, elles ont transmis ça àleurs petits !Yves Coppens : Sans forcéments’élever contre Darwin, ni dire queLamarck avait raison, nous disposonsdésormais, avec la biologie moléculaire,d’un outil fabuleux qui nous permet defaire l’hypothèse que l’environnementmodifie effectivement le génome – l’environnement devient en quelque sortegénétique. C’est tellement frappant,l’adaptation ! Dans le Sud-éthiopien, j’aieu la chance de pouvoir travailler sur unsite extraordinaire qui, en mille mètresde dénivelé, présentait des couchesgéologiques régulières passant de moinsun million d’années en surface à moinsquatre millions au fond. Les couchesprofondes correspondaient à ce qui avaitété un climat encore assez humide etplus on montait, plus cela s’asséchait.À chaque niveau, vous aviez des centaines d’espèces vivantes, admirable-Les cahiers de la bio-énergie - 5

Interviewment conservées. Eh bien, elles étaienttoutes « miraculeusement » adaptées àleur milieu. Y voir le fruit d’un simple jeuentre hasard et nécessité me paraissaitsi insensé que j’ai éprouvé le besoin deréfléchir à un autre type d’explication. Jele cherche encore, mais tout se passecomme si le milieu modelait le caryotype Caryotype d’un individu de sexe féminin (XX)Le caryotype (ou caryogramme) est l’arrangement standard de l’ensemble deschromosomes d’une cellule. On réalisedes caryotypes dans le but de détecter desaberrations chromosomiques (comme latrisomie 21) ou d’identifier certains aspectsdu génome de l’individu, comme le sexe(XX ou XY).Patrice Van Eersel : Il n’y a pourtant pas si longtemps, par exemplequand Jacob et Monod écrivaient LeHasard et la Nécessité, on présentait cela – l’influence du milieu sur lesgènes – comme une impossibilité sitotale qu’on en avait même fait undogme de la biologie moderne !Yves Coppens : Tout ça a énormément évolué. Il y a bien plus de gènesqu’on imaginait autrefois, avec toutessortes de catégories, de fonctions, despécialités On est encore loin d’enavoir fait le tour ! L’inventivité de la vie eststupéfiante associée à une immenserigidité – celle qui fait que le petit ressemble à ses parents. Constance etélasticité, voilà les deux mamelles duvivant. La génération de mes maîtresdisait : « Il faut beaucoup d’imaginationpour être rigoureux. » C’est joli. On pourrait appliquer ça à la vie elle-même.6 - Les cahiers de la bio-énergiePatrice Van Eersel : Parlant d’environnement et d’évolution, qu’est-cequi nous attend, d’après vous : unréchauffement global ou un refroidissement ?Yves Coppens : Normalement,nous devrions entrer dans une zone derefroidissement. Depuis un million d’années, les cycles glaciaires sont d’uneformidable régularité : environ cent milleans. Actuellement, nous sommes enpériode interglaciaire et nous allons enprincipe vers des temps beaucoup plusfroids. Cela dit, l’effet de serre et leréchauffement planétaire dus aux activités technosphériques peuvent tout àfait contrarier cette tendance naturelle.Il est passionnant d’observer cela detrès près.Patrice Van Eersel : Votre deuxième « proverbe » est en fait un vers tiréde l’Odyssée d’Homère : « Aide-moi,muse, à chanter l’Homme aux milleruses. »Yves Coppens : Nous étions enbateau, quand un ami écrivain et poète,que votre journal connaît bien puisqu’ils’agit de Jacques Lacarrière, m’a récitéce vers – avant de me l’écrire en grec,ce dont je ne suis hélas pas capable. Jem’y suis aussitôt reconnu, moi qui, depaléontologue, suis peu à peu devenupaléoanthropologue. Je ne cesse eneffet de chanter l’homme, son avènement, son évolution. Je suis un humaniste. Un humaniste optimiste. Même si, detemps en temps, l’humanité s’imaginelibre de tout et devient irresponsable, lesdérapages ont jusqu’ici toujours été rattrapés. Les humains se savent, au fond,responsables. Alors chanter l’homme,cela me va – même si je ne suis pas sûrde toujours chanter juste !Patrice Van Eersel : Concrètement,cela se manifeste comment ?Yves Coppens : J’aime beaucouples gens en général. Je me sens extrêmement citoyen du monde. C’est pourquoi je n’ai pas de problème en confé-Extraites par les glaciologues, les carottesglaciaires permettent aux paléoclimatologues de remonter le temps, de connaîtrel’évolution du climat ou encore la composition de l’atmosphère !Sur la photo ci-dessus, une carotte de glacedu Dôme Fuji, en Antarctique, avec la têtedu foret. Cette glace a été extraite d’uneprofondeur de 1332 mètres. Elle a été déposée là, il y a environ 89 000 ansrence ni en cours : mes élèves, ou mesauditeurs, doivent sentir que je les aime.Patrice Van Eersel : Homère précise : « L’homme aux mille ruses. »Ne trouvez-vous pas que la ruse et laresponsabilité de l’humanité sont tellesqu’elles devraient lui donner le droitde s’appeler un « règne » et non passimplement une « espèce » – au risquede choquer les écologistes anti-judéochrétiens, qui voient dans la Genèse lasource de nos maux, estimant que nousne valons pas davantage que n’importequelle autre espèce animale ?Yves Coppens : J’aurais tendance àvous approuver, avec deux commentaires. D’abord je suis frappé que l’hommesoit caractérisé par le fait d’être le réceptacle d’une matière pensante. L’universest rempli d’une matière que l’on ditinerte – même si elle ne l’est pas tantque ça – et celle-ci, sur la planète Terre,est devenue vivante. Au sein de cettematière vivante est apparue la matièrepensante. Que l’on nomme cette der-

Interviewnière un « règne » me convient bien.Seconde remarque, la matière pensantese définit surtout par le paradoxe dela liberté et de la responsabilité : c’estamusant d’être à la fois libre et responsable des choix que l’on fait en permanence. Je rêve de trouver un mot spécialpour exprimer ce couplage étrange – j’aidemandé à des amis africains d’inventerun tel mot, ils sont très forts à ce jeu-là !Le paradoxe est qu’un enfant que l’onlaisserait « libre », sans éducation, niinstruction, ni contrainte, n’aurait mêmeplus d’instinct et se trouverait extrêmement fragilisé. Cette fragilité est leprix de notre liberté. Celui qui granditsans contrainte est condamné. De toutefaçon, il est impossible et stupide dedire, comme a pu le vouloir une certainemode, que l’homme est un singe, unanimal. En fabriquant des outils, nosancêtres ont tout d’un coup créé, ausein du milieu naturel, un milieu cultureltotalement inédit, et celui-ci s’est mis àrétroagir sur la biologie humaine – c’estla fameuse boucle main-cerveau-bouche. L’homme ne peut donc absolumentpas se ranger dans la même catégorieque les animaux. Entre notre corps etla nature a surgi l’écran de la culture etcela change tout. Un jour, j’ai dit à monami Jean-Louis Etienne : « Pour allerjusqu’au pôle Nord, qu’est-ce que tu asdû avoir froid ! » Il m’a répondu : « Pasdu tout, je me suis couvert. » Mêmes’il a eu quand même froid, il a réussicette expérience incroyable grâce à laculture, c’est-à-dire grâce à des idées.Arrachez de sa jungle tropicale un Homohabilis d’il y a un million et demi d’années et mettez-le au pôle Nord, il meurt.Un Homo sapiens, pourtant beaucoupmoins robuste, réussit à s’adapter à tousles extrêmes, grâce à sa culture.Patrice Van Eersel : Votre troisièmeproverbe est sénégalais et dit : « Quandtu ne sais plus où tu vas, retourne-toiet regarde d’où tu viens. »Yves Coppens : Tout le monde estd’accord pour dire que l’on ne peutpas vivre sans racines. Où que vousalliez dans le monde, dès que vousLa fabrication et l’utilisation d’outils de pierre sont des jalons des plus importants dans lalente progression vers ce qu’il sera convenu d’appeler l’homme. Il y a environ 2 millionsd’années, l’homme préhistorique développe des techniques qui lui permettent de façonnerdes outils rudimentaires.devenez ami avec quelqu’un, il vousraconte ses origines – les citoyens despays jeunes en sont friands, par exemple les Américains, qui adorent veniren pèlerinage dans le pays de leursancêtres européens. On sait d’ailleursque certaines maladies psychiatriquessont dues à un oubli des racines ; leursguérisons passent par le retour de lamémoire. Pour un déprimé, se retournersur l’origine peut donner un élan nouveau. Je défends là la légitimité mêmede mon métier. Il se trouve en effet que lapaléontologie ou la paléoanthropologiepassent pour des disciplines gratuites,inutiles et élucubrantes. Il me semble aucontraire que cette recherche du passé,et les éclairages qu’elle apporte surnotre passé commun depuis trois millions d’années, constituent un ensemblede repères d’une immense importance.Le public s’en rend d’ailleurs compte,c’est une chose que j’ai maintes foisvérifiée. Par exemple, quand j’ai organisé une exposition sur l’alimentationà travers les millénaires, au Musée del’Homme, cinq mille visiteurs au moinsont laissé un message dans le Livred’or – la plupart nous remerciaient parceque cette main tendue à l’histoire de lavie les avait, disaient-ils, rassurés. Mêmesi, personnellement, je ne suis pas dutout convaincu qu’il y ait accroissementdramatique de la « crise », nous traversons incontestablement une période detroubles, d’incertitudes, où les religionsjouent de moins en moins leur rôle sécurisant et où la majorité des gens auraittendance à se retourner vers les scientifiques. Nous ne sommes pas des prêtres.Rien ne nous a préparés à cela. Nous nepouvons que témoigner de ce que nouscroyons voir et entendre. Si cela rassurenos contemporains, tant mieux, ça nousencourage à poursuivre.Patrice Van Eersel : La paléoanthropologue Anne Dambricourt-Malasséaime rappeler que le monde, depuisqu’il existe, a toujours évolué par bou-Les cahiers de la bio-énergie - 7

Interviewcles de remémorisation-intégrationinnovation. C’est-à-dire qu’il faut avoirbien compris les étapes précédentespour pouvoir s’offrir le luxe d’inventerune nouvelle étape.Yves Coppens : Chacun de nous estune reconstitution complète de l’univers.Je le dis chaque fois que je le peux, surtout aux jeunes : prenez un microscopeet regardez votre propre peau. Si l’enginest puissant, vous verrez les noyaux desatomes qui existaient déjà au début del’univers. Ou bien des atomes nés aucœur des étoiles. Avec un microscopeun peu moins cher, vous pénétrerez àl’intérieur de votre ADN, une moléculeapparue il y a au moins quatre milliardsd’années. Plus près de nous, il suffitd’une loupe binoculaire pour voir toutesles formes vivantes apparues depuis.Si vous vous faites passer une radio,vous verrez votre colonne vertébrale,une structure qui a cinq cents millionsd’années, ou des poumons, quatrecents millions. Passez-vous la main surla peau : votre duvet a largement fêtéson deux cent millionième anniversaire.Et si vous avez des clavicules, c’est pourpouvoir « embrasser », non pas votre flirt,mais les arbres dans lesquels grimper aconstitué une invention formidable, il y asoixante-dix millions d’années. Ou bienobservez vos pieds, le pouce est parallèle aux orteils : une invention récente – àpeine quatre millions Etc. etc.Notre colonne vertébrale, une structure quia cinq cents millions d’années.cée considérable de la connaissance etdes technologies : pour la première foisdans l’histoire, nous bénéficions de laconnaissance de toutes les autres cultures, c’est-à-dire de la connaissance desmilliards d’humains qui ont déjà vécuavant nous depuis trois millions d’années (grâce à la datation, nous savonsaujourd’hui que, dans ce laps de temps,la terre a vu vivre environ cent milliardsd’hommes, répartis en deux cent millegénérations). J’ai fait un cours là-dessus,avec une idée simple : j’ai rapporté à mesélèves des équivalents de La Semaine deParis, achetés dans toutes les villes dumonde où je passais. Qu’y voyait-on ? ÀMoscou, par exemple, une expo sur l’artinca, des conférences sur les pyramidesd’Égypte, d’autres sur la culture papou,etc. Comme si une immense toile setissait à travers l’espace et le temps entretoutes les cultures. D’une certaine façon,la mode et l’art sont issus de cette trame.Voyez comment Picasso a appris l’artrupestre et s’en est servi par exempledans sa poterie. Ou comment certainsgrands couturiers se servent des drapésindiens et des tissus africains Donc,pour répondre à votre question, je croisque nous sommes actuellement engagésdans un bond en avant fantastique. Unesorte de Renaissance. Nous sommesen train de vivre un nouvel humanisme.Mais comme nous avons le nez dans leguidon, nous ne voyons pas très bience qui se passe. Et nous avons bien sûrtendance à nous inquiéter des fièvres quiaccompagnent éventuellement le processus Patrice Van Eersel : Votre quatrièmeet dernier proverbe est juif, puisque tirédu Deutéronome. Il dit : « Souviens-toiPatrice Van Eersel : À chaqueétape de l’évolution, à la fin de chaque boucle de récapitulation, une nouveauté totalement inédite est apparue.Avez-vous l’impression qu’aujourd’huila culture humaine invente vraiment dunouveau ?Yves Coppens : J’ai dit ce quej’en pensais dans ma leçon inauguraleau Collège de France (remarquez quece Collège a été fondé en 1530 parFrançois Ier, qui voyait les Italiens en pleine créativité alors que la Sorbonne, prisedans ses habitudes médiévales, traînaitles pieds). Le XXe siècle n’a pas simplement été caractérisé par une avan-8 - Les cahiers de la bio-énergieLe Collège de France (Place Marcelin Berthelot à Paris) a été fondé en 1530 par François Ier.C’est un lieu exceptionnel où les plus grands professeurs de France viennent donner descours gratuits et ouverts à tous. Aucune inscription n’est nécessaire, vous pouvez rentrer,vous asseoir et écouter le cours.

Interviewdes jours anciens, médite les annalesde génération en génération. Interrogeton père, il te racontera, interroge lesanciens, ils te diront. » Quelle différence voyez-vous avec le « regard enarrière » du proverbe sénégalais ?Yves Coppens : Ce que j’avais retenu, c’est cette expression, qu’on retrouve partout dans les textes hébreux :« De génération en génération. » Cetteidée de conservation ne peut évidemment que plaire à un paléoanthropologue dont l’obsession, en général, estde rechercher les filiations. Pour rédigerle moindre article, dans ce métier, nousdevons faire un arbre phylétique, quiest en fait un arbre généalogique. Celamodèle toute une forme d’esprit. Pourquelqu’un qui n’a pas l’habitude, ça doitêtre bizarre : je regarde un simple boutd’os et, sans même y prêter attention,de façon inconsciente, je vais tenterde dire d’où il vient et où il va, m’exprimer en terme de morphologie évolutive,de morphologie mouvante. C’est-à-direqu’au travers de cet objet qui paraît stable, je vois toute une transformation : cetos ne flotte pas dans le vide, pourquoiest-il comme ça ? Parce qu’il doit venird’une forme comme ceci et s’emboîterdans une forme comme cela. Cette sortede jeu constitue une part importante demon activité de chercheur, au moins untiers, davantage si je suis un jeune chercheur et que mes aînés attendent mesdécouvertes pour formuler de nouvelleshypothèses en restant à la pointe.Patrice Van Eersel : Vous diriezqu’il existe une bonne chaîne de transmission entre seniors et juniors dansvotre discipline particulière ?Yves Coppens : Oui, pour ce quime concerne en tout cas. Les jeuneschercheurs m’apportent beaucoup. Jereste à jour grâce à eux. Par exemple, jen’aurais peut-être pas plongé moi-mêmele nez dans l’imagerie en 3D, ni danscertains nouveaux problèmes mathématiques, s’ils ne m’avaient pas emmerdéavec ces histoires-là ! J’aime comprendre aussi pour pouvoir les aider, sinon jequitte ma fonction de parrainage. Bref,c’est une pression dans les reins, maisc’est stimulant et j’adore ça.Patrice Van Eersel : J’évoquaistout à l’heure les travaux de la jeunepaléoanthropologue Anne DambricourtMalassé, qui a fait la une de La Rechercheil y a deux ans et demi, avec son étudedes déformations cranio-faciales, oùelle relève des constantes étonnantes,sur cinquante millions d’années, ce quine cadre pas avec le schéma darwinienofficiel et a fait beaucoup jaser.En gros, elle aurait mis le doigtsur une logique évolutive « interne »,ayant son intelligence propre, indépendamment de l’environnement. Diriezvous d’elle aussi qu’elle stimule votrerecherche ?Yves Coppens : Bien sûr. J’ai mêmeinvité Anne à venir s’exprimer à moncours. J’aime bien cette femme. Ellemérite d’être écoutée. Je trouve qu’ellerencontre vraiment beaucoup d’hostilité – je suis entouré de jeunes gensqui l’embêtent, qui la contredisent, pastoujours très polis ni élégants. Or cequ’el

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