Les Livres Prophetiques

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LES LIVRES PROPHETIQUES1.Introduction1.1 Le phénomène prophétique dans la Bible et dans le proche Orient antiqueLe phénomène prophétique est institutionnel en Israël et dans le Moyen Orient. Dire qu’ilest institutionnel signifie dire qu’il est reconnu par tous. Ce phénomène part d’uneacceptation du peuple de Dieu et est une institution dans l’institution du peuple de Dieu.Il y a plusieurs catégories de prophètes : Les prophètes de cour : le fonctionnaire auquel le roi s’adresse pour connaître lavolonté de Dieu. Nous avons l’exemple du prophète Nathan. Les prophètes cultuels dans le Temple. Il y a parfois des contrastes, mais jamais lesprophètes ne s’opposent au culte. Ils parlent toujours du culte de l’intérieur. Les autres prophètes.Le prophétisme est donc une institution reconnue tout comme la monarchie, et tout commele sacerdoce.La Bible interdit certaines formes d’idolâtrie, mais pas la divination en générale. Nous levoyons dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau Testament.C’est différent de la magie bien qu’à un moment toute la divination s’y frotte. La magie estune science technique humaine qui contraint la divinité.L’homme ne peut pas décider quelque chose sans savoir si la divinité est favorable.Il y a des formes de divination qui sont sous le contrôle de l’autorité. Par exemple en Grèce,nous avons la divination officielle. L’empereur en était le détenteur.Dans le monde méditerranéen, on en reconnaît des formes :1

1.1.1 La divination par observation des réalités naturellesL’astrologie qui est très utilisée à Babylone. La Bible ironise dessus.(Is 47,13 : « Tu t'es épuisée à force de consultations, qu'ils se présentent donc et te sauvent ceux qui détaillent leciel, qui observent les étoiles, qui annoncent chaque mois ce qui va fondre sur toi. »)L’observation des nuages et de leurs aspects ; des éclairs et de leur direction.Il n’y en a pas de mention dans la Bible. Mais on trouve un phénomène qui se voit ailleurs enméditerranée : l’écoute du vent dans les branches des arbres sacrés.2Sam 5,24 : « Quand tu entendras un bruit de pas à la cime des micocouliers, alors dépêchetoi : c'est que Yahvé sort devant toi pour battre l'armée philistine. »Zeus de Dodona répondait par le vent dans les feuilles.Le comportement des animaux comme par exemple les poulets sacrés, ou le vol des oiseauxqui donnait un bon augure. Le dieu Hadad était consulté par ce moyen.1Sam 6 : « [7] Maintenant, prenez et préparez un chariot neuf et deux vaches qui allaitent et n'ont pasporté le joug : vous attellerez les vaches au chariot et vous ramènerez leurs petits en arrière à l'étable.[8] Vous prendrez l'arche de Yahvé et vous la placerez sur le chariot. Quant aux objets d'or que vous luipayez comme réparation, vous les mettrez dans un coffre, à côté d'elle, et vous la laisserez partir.[9] Puis regardez : s'il prend le chemin de son territoire, vers Bet-Shémesh, c'est lui qui nous a causé cegrand mal, sinon nous saurons que ce n'est pas sa main qui nous a frappés et que cela nous est arrivépar accident."[10] Ainsi firent les gens : ils prirent deux vaches qui allaitaient et ils les attelèrent au chariot, mais ilretinrent les petits à l'étable.[11] Ils placèrent l'arche de Yahvé sur le chariot, ainsi que le coffre avec les rats d'or et les images deleurs tumeurs.[12] Les vaches prirent tout droit la route de Bet-Shémesh et gardèrent le même chemin, ellesmeuglaient en marchant, sans dévier ni à droite ni à gauche. Les princes des Philistins les suivirentjusqu'aux confins de Bet-Shémesh. ».1.1.2 La divination par des instrumentsL’observation des viscères des animaux sacrés pour y trouver un augure. Souvent celaappartient au chef suprême des forces armées qui détient la responsabilité de la réussite oude l’échec. Le foie était souvent l’organe privilégié. (Cf. Babylone et les étrusques).Il n’y en a pas dans la Bible. On cite le mot de foie en Ez 21,26 : « Car le roi de Babylone s'estarrêté au carrefour, au départ des deux chemins, pour interroger le sort. Il a secoué les2

flèches, interrogé les téraphim, observé le foie. ». Le lévitique spécifie que le foie doit êtrebrûlé sur l’autel. Sans doute pour éviter les pratiques d’hépatoscopie.En Gn 44 on voit une coupe oraculaire qui est volée. Ceci représente un véritable attentat àla sécurité de la nation et de la maison du roi. Cet objet sert au 1er ministre du pharaon.En Ez 21,26 on voit la divination par les flèches : « Car le roi de Babylone s'est arrêté au carrefour, audépart des deux chemins, pour interroger le sort. Il a secoué les flèches, interrogé les téraphim, observé lefoie ».2Roi 13,14-19 : « Quand Elisée fut frappé de la maladie dont il devait mourir, Joas, le roi d'Israël, descendit verslui, pleura sur son visage et dit : "Mon père ! Mon père ! Char d'Israël et son attelage !" [15] Elisée lui dit : "Vachercher un arc et des flèches", et il alla chercher un arc et des flèches. [16] Elisée dit au roi : "Bande l'arc", et ille banda. Elisée mit ses mains sur les mains du roi, [17] puis il dit : "Ouvre la fenêtre vers l'orient", et il l'ouvrit.Alors Elisée dit : "Tire !" et il tira. Elisée dit : "Flèche de victoire pour Yahvé ! Flèche de victoire contre Aram ! Tubattras Aram à Apheq, complètement." [18] Elisée dit : "Prends les flèches" ; et il les prit. Elisée dit au roi :"Frappe contre terre", il frappa trois coups et il s'arrêta. [19] Alors l'homme de Dieu s'irrita contre lui : "Il fallaitfrapper cinq ou six coups ! Alors tu aurais battu Aram complètement ; maintenant, tu ne le battras que trois fois!" »Le sort.On le trouve en Jos 7,17.18. C’est accueilli par tout Israël :« Il fit approcher les clans de Juda, et le clan de Zérah fut désigné par le sort. Il fit approcher le clan de Zérah parfamilles, et Zabdi fut désigné par le sort. Josué fit avancer la famille de Zabdi homme par homme, et ce futAkân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah, de la tribu de Juda, qui fut désigné par le sort. »1Sam 10,19-21 : « Mais vous, aujourd'hui, vous avez rejeté votre Dieu, celui qui vous sauvait de tous vos mauxet de toutes vos angoisses, et vous avez dit : Non, mais établis sur nous un roi !" Maintenant, comparaissezdevant Yahvé par tribus et par clans." Samuel fit approcher toutes les tribus d'Israël et la tribu de Benjamin futdésignée par le sort. Il fit approcher la tribu de Benjamin par clans, et le clan de Matri fut désigné. Il fitapprocher le clan de Matri homme par homme, et Saül, fils de Qish, fut désigné ; on le chercha, mais on ne letrouva pas. »Jos 14,2 : « C'est par le sort qu'ils reçurent leur héritage, comme Yahvé l'avait ordonné par l'intermédiaire deMoïse pour les neuf tribus et demie. »(Cf. Jos 18,1-21).Il y avait deux instruments : les Urim et Tummim. (L’exode donne des détails du vêtement duprêtre) ce que l’on sait c’est que c’était suffisamment petit pour être mis dans la pochepectorale. Mais on ne sait rien de la taille, de la forme, du poids Il y avait l’Ephod oraculaire :3

Ephod bad : de lin qui est un vêtement archaïque ; Ephod sacerdotal : évolution du bad ; Ephod oraculaire : nous avons plein de doutes sur celui-là qui semble êtresolide, consistant. Peut-être est-ce un habit.Nous le trouvons en Juge 8,24-27 ; 1S 2,28 ; 1S 14, 3.8 ; 1S 21,10 ; 1S 23,6.9 ; Osée 3,4.1.1.3 Moyens de divination par les intuitions humainesL’oniromancie qui est l’interprétation des rêves Gn 20,3 ; Gn 28,11-16 ; Gn 37-40-41, Juges 7,Daniel, Siracide 34,1 dans le Nouveau Testament les songes divinatoires existent : Mt 1,20,Mt 2, Ac 16, 9, 18,9. Il n’y a pas de provocation. Les rites d’incubation sont un moyenoraculaire où l’on recherche un songe par pratique cultuelle, exemple en Grèce du dieuguérisseur où l’on offrait un culte à la divinité et l’on s’endormait dans le temple et le rêveétait la réponse de la divinité. Dans la Bible il n’y a pas de rite d’incubation, mais des songesdivinatoires si. Samuel reçoit une communication divine pendant qu’il dort dans le temple deSilo. Mais ce n’est pas évident qu’il s’agit d’un songe. De plus Samuel n’est pas allé au templepour cela, il sert au temple. Ce n’est donc pas évident en soi.La nécromancie qui est l’invocation des esprits des morts. Voir en 1S 28 Saül et la sorcièrenécromancienne d’En-Dor qui s’applique le titre de prêtresse d’Apollos : Pythonisse. Pitonest des titres d’apollos. Elle donnait l’oracle dans le temple de Delphes. C’est une baalat- ov :femme, dame spectre, esprit, mais en réalité l’ov serait selon une recherche archéologiquele puit divinatoire. Aux divinités célestes on fait des sacrifices sur l’autel et aux dieuxterrestres on fait des sacrifices dans un puit. (Cf. aussi l’Iliade et l’Odyssée). Ce sont des ritesnormaux de l’antique grèce. Cette femme devait être une de ces femmes qui avait un puitdivinatoire et qui servait pour l’invocation des esprits des morts. L’esprit de Samuel montedans le texte de 1Sam 28,13 de la terre. La divination par nécromancie est très condamnée,mais elle est très efficace. Un prophète est invoqué par cet acte. C’est condamné, mais cecine signifie pas que cela ne fonctionne pas. C’est un clair exemple de divination. Le roi décided’utiliser ce moyen qu’il avait interdit d’utiliser parce que le Seigneur ne lui a pas répondupar songe (implique qu’il devait exister un système de songe), ni par les Urim (sorts 28,6), nipar le moyen des prophètes de sa cour qu’il avait comme roi. Le Seigneur ne répond pas,donc il utilise ce moyen. Cela fonctionne.4

La divination oraculaire qui est diffuse dans tout le bassin de la méditerranée. Surtout engrèce. Par exemple la grande influence de l’oracle de Delphes. (Cf. Platon qui parle del’oracle de Delphes comme parole de dieu révélée). Elle intervenait par la prêtressePythonisse qui recevait des réponses de dieu. Mais nous ne savons pas comment elle faisaitpour recevoir ces réponses de dieu. Des textes dise qu’elle agissait sous la transe et lesprêtres écrivaient les paroles qu’elle professait en transe et les réécrivait. Par contre, lessources iconographiques montre plutôt une prêtresse très tranquille et maître d’elle-même.Ainsi nous avons une contradiction. Les sources archéologiques de Delphes parlent d’unefaille sous le temple où sortait des gaz qui aurait pu la soûler.A Rome il y avait les poulets sacrés, mais les oracles n’avaient pas beaucoup de succès parceque ce n’est pas contrôlable à la différence des viscères La réponse du dieu est véhiculée par un signe ou un message verbale par un médiateurqualifié. Le médiateur l’interprétait lui-même. Dans tout le Moyen Orient nous voyons desvoyants qui doivent interpréter le message de Dieu. Il y a les prophètes cultuels, chaquetemple à les siens. Surtout ils sont liés à la cour. Tout grand souverain à ses prophètes. Celane manque jamais à la cour du souverain. Dans la cour de David : Nathan et Gad ; Achab à400 prophètes avec un chef qui s’appelait Sédécias 1Roi 22. Il n’y a pas seulement lesprophètes du Seigneur (1Roi 18,20) : Elie est seul et il y a 400 prophètes de baal.1.2Origine de la prophétie bibliqueComment cela se manifeste dans les récits bibliques ?Prophetes, prophémis parler pour, à la place de quelqu’un. C’est faire le porte-voix. A ceterme correspond dans l’Ancien Testament une terminologie variable.Ro’eh de Raa veut dire voir. C’est le voyant. C’est un terme rare. En 1Sam 9,9 il faut uneexplication de ce mot. Samuel.Un autre personnage est défini par hozeh, celui qui regarde. C’est le même champsémantique de la vision. Ce dernier est moins clair que le rohé de Samuel. En tout cas ilsvoyaient ce qui était caché aux autres.Plus important est le ish elohim ou Homme de Dieu qui peut-être un sens honorifique. Davidle reçoit par exemple. Mais c’est aussi une catégorie d’homme (Elie et Elisée) qui n’a pas dechoses particulières, mais plutôt comme une relation particulière avec Dieu et sa parole. Ilsont par exemple une capacité de miracles qui transforme la vie de l’interlocuteur.5

Par exemple 1Roi 17 avec Elie et la veuve de Sarepta. Particulièrement au v. 24 où la femmedit que c’est un homme de Dieu et la parole de Dieu est sur sa bouche. C’est lacaractéristique de l’homme de Dieu.Le terme le plus utilisé est celui de navii, on le trouve beaucoup et est plein d’équivoque. Onle traduit par prophète. Etymologiquement ce n’est pas clair. Peut-être y a-t-il des rapportsavec la parole akkadienne de Nabu qui signifie appeler. C’est attesté en quelques languessémitiques septentrionales. C’est pansémitique.Bnei néviim : fils des prophètes soit ceux de la corporation prophétique et ils sont rattachés àElie et surtout à Elisée qui en apparaît comme le leader : 2Roi 2. Ces corporations sontcaractéristiques par les états extatiques :1Sam 10,5ss : « Ensuite, tu arriveras à Gibéa de Dieu (où se trouve le préfet des Philistins) et,à l'entrée de la ville, tu te heurteras à une troupe de prophètes descendant du haut lieu,précédés de la harpe, du tambourin, de la flûte et de la cithare, et ils seront en délire. Alorsl'esprit de Yahvé fondra sur toi, tu entreras en délire avec eux et tu seras changé en un autrehomme ».Il y a aussi les grands prophètes qui semblent s’abandonner en 2Roi 3,15 : Elisée à besoind’aide pour provoquer une extase prophétique. La musique et la danse ont une partimportant dans leur activité. En Exode 15 Marie est appelée nevia lorsqu’elle sort avec desflûtes et des cymbales et chante et danse après le passage de la mer rouge.Souvent le prophètes sont présentés en mode peu favorable cf. ceux d’Achab. Parfois ils fontl’objet de critiques pesantes. Ils ont un manteau de peau : Za 13, 1-6 parle de tatouages et2Roi 1,8. ; 1Roi 20,41 semblent faire allusion à ceci : un des membres met un bandage etlorsqu’il l’enlève il est reconnu comme un des prophètes, il y avait peut-être un signe quipermettait de le reconnaître.Leurs corporations ont des rapports avec les sanctuaires et les classes sacerdotales :Lamentation 2,20. Elles ont des rapports avec la cour. La figure de prophète commeopposant est anachronique et ne naît qu’avec la renaissance des protestants. Le prêtre et leprophète sont pour le peuple les médiateurs de la parole de Dieu.Quelle est la différence entre la parole prophétique et celle sacerdotale ?Celle du prêtre est intermédiaire entre Dieu et le peuple et entre Dieu et la loi : culteet loi. Le prophète est intermédiaire de la parole comme lecture du moment et del’histoire. Il interprète non pas la loi, mais le chemin du peuple. C’est donc très lié6

avec les prêtres. L’idée d’un prophète anti-cultuel est anti-historique. Le prophètecritiquera le culte comment il est actuellement célébré par le peuple en un momentdonné. Il ne critique pas le culte comme culte.Il existe des prophètes avant David : Abraham est appelé en Gn 20,7 Névi. C’est un passageélohiste et qui subit une influence prophétique. Ici c’est la référence à l’intercession. Il nefaut pas oublier la grande figure de la prophétesse Débora Juges 4,4.Les corporations se trouvent aussi avant la monarchie : 1Sam 10,13 ; 1Sam 19,18-24. Samuelreçoit le titre de Navi même si on ne peut le limiter à cela. Il est chef du peuple, institue lamonarchie c’est un de ses titres. Toutefois le titre de névvi va aussi aux grands écrivains quin’ont pas de manifestations particulières : Jérémie, Isaïe.En Isaïe 8,3, la femme du prophète est appelée prophétesse, est-ce un abus ou une réalité ?Amos affirme avec force de n’être pas un névi 7,14, mais apprécie leur ministère comme en2,11-12 et 3,7. Osée affirme que Moïse est un névi en 12, 14 et il valorise le rôle des néviimen 12, 11 toutefois il faut observer : le motif pour lequel Osée attribue à Moïse la prophétieest parce qu’il a conduit le peuple dans le désert.Pour l’école deutéronomique, Moïse est le modèle du prophète et est un vrai prophète quile suit comme exemple : Deut 18,15 ; 34,10.Michée et Sophonie présentent le prophète en lumière négative.Jérémie est appelé par Dieu ainsi en 1,5 ainsi que son adversaire Ananie.En Jérémie, les neviim sont présentés en lumière négativeEzéchiel est envoyé comme névi 2,5. Mais il se trouve en condition de devoirs’opposer aux néviim : 13,1-16. Le mot de néviim est donc ambigu.En Jer 28 on voit l’affrontement entre Jérémie et Ananie : consultation officielle. Jérémie aun doute, mais n’a rien à dire en réponse. Le doute est que d’habitude la parole du prophèteannonce la désaventure. A la fin il en a une. Le problème de la légitimation est cuisant :quelle est la parole du bon ou du mauvais prophète. Selon Jérémie, le mauvais prophèteannonce la consolation.Deut 18, 18-22 : comment distinguer entre le bon et le mauvais prophète ? La solution nesert à rien, mais il n’y a pas d’autres solutions.Deut 18, 18-22 : « Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettraimes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Si un homme n'écoute pas mesparoles, que ce prophète aura prononcées en mon nom, alors c'est moi-même qui en demanderai7

compte à cet homme. Mais si un prophète a l'audace de dire en mon nom une parole que je n'ai pasordonné de dire, et s'il parle au nom d'autres dieux, ce prophète mourra." Peut-être vas-tu dire en toncœur : "Comment saurons-nous que cette parole, Yahvé ne l'a pas dite ?" Si ce prophète a parlé aunom de Yahvé, et que sa parole reste sans effet et ne s'accomplit pas, alors Yahvé n'a pas dit cetteparole-là. Le prophète a parlé avec présomption. Tu n'as pas à le craindre. »En Jonas le problème revient. Jonas part et prêche. Mais il s’enfuit et donne ensuite laraison. Dieu veut la conversion et Jonas ne veut pas passer pour un faux prophète parce quele Seigneur change.Mais quel est le but de la prophétie ? Celui de procurer le salut et non la destruction quiserait une perte du but de la prophétie. Mais si la prophétie ne se réalise pas, le prophète estun faux prophète et donc il ne faut pas le craindre (cf. Deut 18,18-22).Un problème particulier est celui des rapports entre les prophéties et l’expérience extatique.En général avoir des expériences extatiques n’est pas de règle. Jérémie n’en a pas du tout.Isaïe non plus. Ezéchiel si. On croit être passé à un niveau archaïque de la prophétie à unniveau plus tranquille. Le développement est beaucoup plus complexe.Des témoignages extra bibliques nous présentent des extatiques et aussi des non-extatiques.Dans la ville de Mari où l’on a retrouvé un corpus de tablettes qui remontent au 18ème siècleavant J.C. on y retrouve des contenus proches de ceux bibliques : fidélité du roi à Dieu, laproclamation de la souveraineté de dieu, le roi qui ne règne que pour la bon vouloir de dieu,accusation contre le mal, ce n’est pas des consultations du roi, mais spontanément produitepar le prophète qui va trouver le roi pour lui dire ce que la divinité retient opportun de luicommuniquer. C’est ce que l’on a trouvé à Mari.Le contenu de ce corpus est très différents de celui biblique : la conversion du cœur, lasensibilité par rapport au pauvre. Dans la Bible, le Seigneur est universel. A Mari il n’y a pasd’actions symboliques. Ce parallèle empêche de faire une ligne entre la prophétie nonstatique et celle statique. Il n’y a pas d’évolution de l’une à l’autre.Les deux éléments de prophètes coexistent. La nouveauté est dans l’approfondissementthéologique que le prophète montre. Un prophète comme Joël voit comme important pourtout le peuple l’extension de ces phénomènes 3,1ss ; Nb 11,25-30.En tout cas les phénomènes extatiques sont caractéristiques au début, se sont ensuiteamoindris avec les prophètes du 3ème et 2ème siècle et ont connue une nouvelle ferveur autemps du 3ème Isaïe 61,1.8

Il est important de souligner que le prophète vétérotestamentaire n’est pas avant toutquelqu’un qui prévoit le futur, même si cette activité est copieusement exercée par lui. Il est« le représentant de Dieu », celui que dans une certaine mesure Dieu charge de prononcerune parole efficace sur l’histoire entre Dieu et son peuple. Ses actions symboliques (Cf. Is8,1-4 ; 20,2 ; Os 2,2-9 ; Jr 13,1-11 ; 18,1ss ; Ez 4 ; 12 etc ) sont ensembles des prévisionsd’évènements futurs, mais aussi des révélations dans leur sens qu’ils ont une efficacitédéterminante pour l’histoire du peuple.1.3L’Esprit de YHWH et la vocation prophétiqueL’Esprit de Jahvé apparaît connexe aux activités du prophète, surtout dans la période plusantique (1Sm 10,10 ; 19,20-24), et particulièrement en connexion avec les phénomènesextatiques. Pour Elie et Elisée, l’Esprit est une force qui transporte le prophète d’un lieu à unautre (1Roi 18,12 ; Roi 2,16) ou le rend capable d’opérer des prodiges (2Roi 2,15). L’époqueclassique de la prophétie, tout en connaissant un refroidissement des activités extatiquesconnaît aussi un relatif silence sur l’œuvre de l’esprit. En époque exilique et post-exilique,nous retrouvons au contraire l’esprit comme agent qui inspire (Ez 2,2 ; 3,24 ; 11,5 ; Za 7,12.Ne 9,3). Le ressurgir de l’attention pour les activités de l’esprit va de pair avec lerenouvellement des expériences extatiques et visionnaires caractéristiques des prophètespost-exiliques.Dans le prophétisme d’époque archaïque (9ème siècle), la présence de l’Esprit de Jahvé estdonc un fait d’importance fondamentale : « les prophètes sont tels seulement quand l’espritest descendu sur eux » et ceux qui sont témoins en avertissent la présence, qui constituepour le prophète une sorte de légitimation (2Roi 2,9ss).La diminution de cette réalité, perceptible aussi par les circonstances a fait que lesprophètes de la paroles furent encore plus abandonnés à eux même et au ministère de leurappel (Von Rad) qui advenait selon ce que l’on peut savoir des textes, par un appel direct etpersonnel de Dieu. Les textes importants pour la vocation prophétique sont en particulierAm 7-9 ; Is 6 ; Jr 1 ; Ez 1-3 ; Is 40,3-8 ; Za 1,7-6,8. De tous ces textes, malgré la stérilisationlittéraire, soulignée par les exégètes par le genre littéraire du récit d’appel, il est possible deretrouver les caractéristiques d’expériences ensembles personnelles dans leur singularité etentre elles unies par des aspects communs.9

L’appel se présente avec des caractéristiques d’impériosité inattendue et détermine pour lapersonne une nouvelle condition de vie : le détachement de sa situation précédente, tanttemporairement (cf. Amos) que définitivement (Par exemple Jérémie), pour le mettre auservice direct et exclusif du message dont il est porteur. Un tel détachement représente unesolution de continuité par rapport à sa vie et à son expérience religieuse précédente, et unenouvelle situation ne se présente pas comme avancement ou une sublimation decaractéristiques déjà présentes, mais comme quelque chose de totalement nouveau. Unetelle nouvelle condition avait aussi comme conséquence un détachement social (cf. Am7,14), tant de la propre situation que de la communauté. En tout le prophète se sent enquelque manière écrasé dans sa propre liberté ; sa vocation se caractérise par le faitd’engager intégralement sa personne, ainsi sa propre vie devient une part intégrante de sonmessage prophétique (Cf. Jérémie et son célibat, les affaires d’Osée, le veuvage d’Ezéchiel24,16ss) ; tel engagement s’exprime dans la conscience d’une mission à accomplir.La vocation du prophète est donc avant tout un appel personnel, qui se concrétise dans unmessage dont le contenu consiste dans la connaissance des plans de Dieu dans l’histoire ;connaissance communiquée au prophète, mais dirigée au peuple auquel est adressé unappel. Cette connaissance est elle aussi motif de souffrance pour le prophète qui estcontraint souvent à désillusionner le peuple en lui indiquant l’échec de sa propre espérancequi est contingente pour le diriger vers un autre niveau d’espérance (Cf. Jérémie et sonjugement sur la situation politique).L’appel du prophète advient par une expérience personnelle exceptionnelle, caractérisée pardes facteurs visibles et audibles (on voit le Seigneur ou son messager, on entend le messageà transmettre). Indépendamment de la question si en ce cas il s’agit d’une expérienceextatique, il faut observer la différence entre ces expériences et les états mystiques.En premier lieu le but et la conséquence de ses manifestations ne sont pas l’union dela personne avec Dieu ni la spéculation sur son essence. Amos (7,7) vit le Seigneur avec enmain un fil à plomb et interrogé sur ce qu’il voyait il répondit « un fil à plomb ». La vision etl’expérience de Dieu qui se manifeste n’est jamais une fin en soi, elle ne se concrétise pas enune intuition ou en une spéculation de mondes supérieurs ou de réalités divines, mais estune manière pour expérimenter la proximité de Dieu et pour être ainsi prédisposé auministère.10

En second lieu le message du prophète transmet une vraie et propre révélation deDieu qui fait progresser la compréhension que le peuple a ou devrait avoir du propre rapportavec le Seigneur. Nous savons au contraire que la compréhension que le peuple a ou devraitavoir de ses propres rapports avec le Seigneur. Nous savons au contraire que lacaractéristique essentielle des ainsi dites « révélations mystiques » consiste dans le fait den’apporter aucune nouveauté au patrimoine révélé de la foi.La caractéristique importante de la vocation prophétique est à dimension dialogique ; leprophète est un homme en dialogue avec Dieu qui lui révèle son plan, discute avec lui ; leprophète peut même en arriver à se rebeller avec sa propre vocation (Jonas), ou biendiscuter avec lui très sérieusement (Cf. par exemple les ainsi dites « confessions de Jérémie).Le prophète devient quasi comme le confident de Dieu (Cf. Am 3,7 : « Mais le Seigneur Yahvéne fait rien qu'il n'en ait révélé le secret à ses serviteurs les prophètes ») une telle dimensiondialogique fait que le prophète, face au dialogue avec Dieu, prend sa décision face à lui etdécouvre ainsi sa propre dimension de personnalité. D’autre part, le prophète expérimentele caractère inéluctable de la parole de Dieu : il doit prophétiser ; (cf. Jr 20,9 : « Je me disais :Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom ; mais c'était en mon cœur comme un feudévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je n'ai pas pu ».La vocation prophétique semble enfin caractérisée par le présence d’éléments liturgiquesimportants, particulièrement centrés sur le culte de l’arche et du Seigneur qui siège sur leschérubins (cf. le temple et le trône de Dieu en Is 6. ainsi le prophète est consacré, purifié,pour être préparé à sa mission (cf. Jr. 1,5 ; Is 6,7).11

2.Les prophètes non écrivains2.1Les prophètes de David : Gad (2Sam 24) et Nathan (2Sam 7)Les premiers prophètes dont nous avons des nouvelles d’un certain relief sont lespersonnages actifs à la cour de David. Nous connaissons les noms de deux d’entre eux : Gadqui outre à intervenir une fois plutôt comme conseiller que comme prophète (1Sam 22,5),est l’interprète de la volonté de Dieu dans l’affaire du recensement, et surtout Nathan.Ce dernier est le prophète par excellence de la cour de David. C’est à lui qu’il revient deprononcer la prophétie de 2Sam 7,5-16, qui a une importance fondamentale pour toutel’histoire de la monarchie davidique. C’est toujours Nathan qui intervient pour condamner lecomportement de David par rapport à Bethsabée et de Urie le Hittite, c’est encore lui quenous voyons à l’œuvre dans les derniers jours de la vie du roi, pour assurer la succession aufils de Bethsabée, Salomon (1Roi 1,11-48).Ces prophètes de cour sont décrit avec des traits bien différents par rapport auxconfraternités prophétiques que l’on a vu en d’autres occasions comme par exemple àl’époque de Saül comme roi d’Israël 1Sam 10,5-6.10-12. Il ne s’agit pas de personnagescaractérisés par des phénomènes extatiques ; ils ne se déplacent pas en groupe, ils sontplutôt des fonctionnaires de la cour, au point que quelques chercheurs, avec une opinionextrême, les considère à peine plus que des précepteurs royaux. Il convient de noter que cesprophètes, bien qu’étant personnel de cour, ne se présentent pas comme des adulateurs duroi : Gad intervient en un moment grave de crise pour proposer un punition catastrophique,alors que Nathan n’hésite pas à humilier David en l’invitant à prononcer lui-même sa proprecondamnation.2.1.1 Lecture de 2Sam 7,1-17[1]Quand le roi habita sa maison et que Yahvé l'eut débarrassé de tous les ennemis qui l'entouraient,[2] le roi dit au prophète Nathan : "Vois donc ! J'habite une maison de cèdre et l'arche de Dieu habitesous la tente !"[3] Nathan répondit au roi : "Va et fais tout ce qui te tient à cœur, car Yahvé est avec toi."12

[4] Mais, cette même nuit, la parole de Yahvé fut adressée à Nathan en ces termes :[5] "Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle Yahvé. Est-ce toi qui me construiras une maison pourque j'y habite ?[6] Je n'ai jamais habité de maison depuis le jour où j'ai fait monter d'Egypte les Israélitesjusqu'aujourd'hui, mais j'étais en camp volant sous une tente et un abri.[7] Pendant tout le temps où j'ai voyagé avec tous les Israélites, ai-je dit à un seul des juges d'Israël,que j'avais institués comme pasteurs de mon peuple Israël : Pourquoi ne me bâtissez-vous pas unemaison de cèdre ?[8] Voici maintenant ce que tu diras à mon serviteur David : Ainsi parle Yahvé Sabbaot. C'est moi quit'ai pris au pâturage, derrière les brebis, pour être chef de mon peuple Israël.[9] J'ai été avec toi partout où tu allais ; j'ai supprimé devant toi tous tes ennemis. Je te donnerai ungrand nom comme le nom des plus grands de la terre.[10] Je fixerai un lieu à mon peuple Israël, je l'y planterai, il demeurera en cette place, il ne sera plusballotté et les méchants ne continueront pas à l'opprimer comme auparavant,[11] depuis le temps où j'instituais des juges sur mon peuple Israël ; je te débarrasserai de tous tesennemis. Yahvé t'annonce qu'il te fera une maison.[12] Et quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendra

le banda. Elisée mit ses mains sur les mains du roi, [17] puis il dit : "Ouvre la fenêtre vers l'orient", et il l'ouvrit. Alors Elisée dit : "Tire !" et il tira. Elisée dit : "Flèche de victoire pour Yahvé ! Flèche de victoire contre Aram ! Tu battras Aram à Apheq, complètement." [18] Elisée dit : "Prends les flèches" ; et il les prit.

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